Procédé louable que celui du quatuor toulonnais Hifiklub qui, à l’heure de son quatrième album, a installé son studio mobile dans le village corse de Pigna, à l’auditorium plus précisément. Pour, sous l’impulsion des lieux et de deux musiciens associés –Jérôme Casalonga et Jean-Marc Montera-, faire muer son projet d’origine en un recueil rock noise aux colorations corses traditionnelles d’une splendeur et d’un pouvoir d’évocation à couper le souffle.
Evoquant par ce biais Ulan Bator, pour ce bruitisme inventif et dépaysant, ou encore Noir Désir pour l’audace dans les sonorités et ce même « transport sonore », Vacanze in Pigna, le résultat, dévoile des atours insoumis, ancrés dans leur lieu d’enfantement et balafrés par l’apport d’instruments (guitare à résonateurs, saxophone, cetera, mandoline…) inédits. Captivant, il se fait sauvage et superbe, pur (L’onda di lume), présentant sept longs formats qui, à aucun moment, ne génèrent l’ennui ou le désintérêt.
Bien au contraire, le début, avec ce Tribbiera envoûtant, emmenant déjà haut et loin l’auditeur, le chant de Casalonga contribuant grandement à l’effet produit, en phase avec l’instrumentation du groupe, sans cesse ingénieuse. Si on reste ici dans un registre retenu, quelques autres titres (Sanna et ses excès à la Rodolphe Burger, auquel on pense pour ce juste dosage dans les écarts, puis Frammentu) imposent une noise pétrie de classe. Troublé et troublant, dissonnant (Stazzona), l’opus atteint les sommets. Il prend fin sur une épopée de dix minutes, intitulée Suleone, noisy, lancinante, déchirée, après nous avoir régalés au passage d’un Cara Maria bluesy lui aussi superbement pensé.
On n’en décroche pas, on s’en éprend d’autant plus que la singularité est ci de mise et qu’aucun format préconçu ne préside à la réalisation, si ce n’est la passion et le sens du « climat », assortis d’un caractère rock parfaitement seyant, pour une copie typée et de très haut niveau.