Quelques légendes défilent à intervalles réguliers au 106 de Rouen, au sein d’une programmation fournie et éclectique et la date de ce samedi s’annonçait marquante puisque l’ancien Joy Division et New Order Peter Hook y faisait escale. Avec Slaves of Venus, pour jouer des titres de Joy Division, puis avec Peter Hook and the Light, et les même musiciens, pour jouer les deux premiers opus de New Order.
Attendu donc, notamment par une horde de quinquas nostalgiques côtoyés par des plus jeunes ayant découvert le mythe, « Hooky » s’en est sorti avec les honneurs, exécutant dans un premier temps une petite dizaine de titres de Joy Division voire Warsaw (Failures, Novelty) avec une belle énergie et en gérant le chant, secondé à la basse par un quatre-cordiste qui jamais ne faillira et s’attirera même à plusieurs reprises les félicitations du « maître » lui-même. Dead souls, She’s lost control, Something must break, Exercise one ou The eternal, entre autres, profiteront ainsi largement à un public vite « sous effet », mis en joie par la vigueur et l’implication, les mimiques de Peter Hook, qui sans en rajouter et de façon humble redonne vie à une légende dont il est bien bon de réentendre l’oeuvre, fut-ce de façon posthume. Une ouverture brève et plutôt compacte, qui trouvera son prolongement un peu plus tempéré, mais doté du même allant, dans le set de Peter Hook and The Light.
Dans la veine encore « cold » de Movement, puis celle plus aérée, plus « dance », de Power, corruption and lies, Peter et ses acolytes ont livré une prestation nerveuse, dotée d’un groove omniprésent, tranchante et nuancée en plusieurs occasions, plus directe que le contenu des opus mis à l’honneur. Avec, cerise, sur le gâteau, Ceremony, Temptation et Blue Monday et l’offrande d’un Love will tear us apart en conclusion. Pour une venue dont on prend à peine conscience et dont le niveau élevé parviendrait presque à nous faire oublier que tout ça, ce répertoire encore si actuel et quoiqu’il en soit intemporel, « c’était hier ». Le groupe ainsi formé se montrant performant et Hook se fendant, au chant, de quelques « beuglades » de nature à dynamiser plus encore les chansons jouées. Qui, s’il en est bien sur qui attirent l’attention plus que d’autres, se succéderont pour former un ensemble cohérent, aux tendances bien imbriquées, dont on n’occultera pas la moindre seconde.
Avec, en « sus, » quelques lignes de basse du plus bel effet et une belle dynamique générée par un son impeccable, pour faire court et résumer un évènement qui se vit plus qu’il ne se décrit. Pour un moment, un temps fort même, qui s’il n’a pas fait salle comble marquera les esprits sur la durée et aura, l’espace d’une soirée, donné à l’antre rouennaise des airs d’Hacienda normande. Pour le bonheur de tous et dans l’attente d’autres concerts de nature à raviver le mythe.
Photos William Dumont.