« Echappé » de Tu Fawning et 31 Knots, Joe Haege s’essaye à l’effort solo sous le nom de Vin Blanc/White Wine. Muni de son ordinateur, il élabore avec panache ce premier jet, fait d’une pop tarabiscotée aussi déviante que classieuse. Avec pour base des éléments électro voire hip-hop (le chant et le rythme de Temple of lines), ou encore une belle dynamique rock (l’inaugural Make do, mélodieux mais asséné), en s’appuyant à l’occasion sur une boucle obsédante (Erase up!!!), il parvient à construire un tout cohérent bien qu’un peu éclaté.
Faussement serein, dérangé, In every way but one se dévoile au fil des écoutes, peut se faire posé et spatial (I’m here et sa belle envolée de fin, un Don’t get romantic…romantique, chanté avec émotion). Animé par des rythmes sobres mais affirmés (Losing sweet permission et ses sons barrés épars mais décisifs), il retombe ensuite dans ses écarts bienvenus, hors-cadre (Glassy eyes). Son inventivité dans l’ornement sonore le valorise, ses climats inédits aussi (Enable en toute fin d’album) et Haege possède, visiblement, une réelle capacité à entremêler des éléments disparates, à se faire sonique ou plus posé dans la cohérence. Plusieurs « auditions » seront nécessaires à appréhender l’opus, à en saisir la sève, à en maîtriser les brèches expérimentales mais passé ce cap, c’est un ouvrage digne d’intérêt, singulier, qui sera mis à jour. Un travail sincère, personnel, qui sort des sentiers battus sans -trop- nous perdre en chemin.
Et qui, outre le plaisir de sa découverte, nous poussera dans le même temps à l’exploration ou à la redécouverte des projets « groupaux » de son créateur.