Rivière Noire, c’est l’ « affaire » de trois hommes liés par le continent noir: Orlando Moraïs (chanteur variété au Brésil), Pascal Danaé (songwriter et guitariste, globe-trotter ayant oeuvré entre autres pour Morcheeba ou Youssou N’Dour), et Jean Lamoot (qui a grandi entre Côte d’Ivoire et Rwanda pour ensuite arriver en France et travailler avec Noir Désir, Bashung ou encore Rokia Traoré).
En toute logique, leur effort commun va s’avérer évocateur, musical et dépaysant, et débute d’ailleurs -bonne surprise- par un morceau rythmé intitulé Chovendo. La présence de musiciens maliens renforce l’identité du rendu, qui fait aussi preuve d’une belle finesse sur le titre suivant, Londres Paris, et envahit l’espace malgré le minimalisme bienvenu de ses compositions. Fort d’un ressenti certain, affectif, profondément humain, l’opus des trois hommes, auquel contribuent pléthore de personnes rencontrées au Mali, transporte (Bate longue).
Fin, parfois tant qu’il en oublie d’impacter soniquement, il privilégie la rencontre, le partage et constitue une oeuvre collective à la croisée des origines de chacun. Avec pour trait commun, donc, ce goût plus que prononcé pour l’Afrique. Douloureux ou exalté, intimiste en certains endroits (Viver aqui), dansant aussi (un cadencé Abarika, qui casse la dynamique un peu trop « polie » du reste, puis Negra Mali), il instaure aussi, de façon bienvenue, une vigueur presque rock aux touches bluesy (Velho vagabundo).
Abouti, pluriel et métissé, il ne peut laisser indifférent. Quand bien même il retombe ensuite dans des penchants apaisés (Nao va nao va) mais habités, pour conclure dans la même finesse, la même profondeur surtout, avec Te esperar, selon un ornement superbement conçu, à l’image de bon nombre de chansons d’un album atypique. Qui amène par son contenu habité à de nombreuses écoutes au détour desquelles point un voyage sonore marquant quoiqu’un un peu trop finaud en général.