Si le jeune public ne trouve encore que peu d’écho dans l’univers musical du Pays, les surprises dans le domaine sont parfois excellentes (exemple, les Fills Monkey, duo « drumoristique » aux shows détonnants) et là, c’est le rap qui se distingue et se rend accessible aux « minots » avec ce premier album d’un quatuor nommé Les Frères Casquette, qui évoque des thèmes liés à l’enfance avec une belle musicalité et un bel allant.
Le devenir du monde et sa saleté croissante (2015), les dessins animés (Comme dans un dessin animé), dans un premier temps, dépeignent avec un verbe simple et accessible, mais aussi acéré sans dévier, le quotidien d’un enfant ou sa vision de l’avenir de la planète, et les quatre intervenants créent au final un genre nouveau tout en s’inscrivant dans une mouvance déjà existante. Les huit titres ainsi formés confrontent insouciance de l’enfance et regard plus « désabusé » sur l’environnement social (Tom le Rom) et naturel, s’acidifient avec brio (Soleil noir), humorisent avec talent (Pourquoi comment?) ou, encore, établissent un parallèle touchant entre « antan » et l’époque actuelle (Avant).
En tant, même, qu’adulte, on se prend vite au jeu, d’autant plus qu’en plus de l’ indéniable qualité musicale de Le monde à l’envers, c’est un retour en enfance salutaire qui nous est proposé ici, bardé de considérations aussi optimistes qu’empreintes de résignation (l’éponyme Le monde à l’envers). On s’en amuse (Pique-nique à la campagne) et dans le même mouvement, on porte un nouveau regard sur une jeunesse maintenant précocement déviante, sur des faits sociétalement graves mais évoqués, ici, avec autant de profondeur que de légèreté et d’adresse dans les textes.
Voilà donc un hip-hop pour tous, « de 7 à 77 ans » ou presque, sacrément bien joué, qui rassure en même temps qu’il assure, et fait un bien fou à la fois à la tête et aux différentes castes musicales, ici unissables. De même que les différentes générations existantes, rapprochées elles aussi par de telles productions et initiatives.