Dans la région picarde, on connait Deportivo pour ses prestations remontées, que ce soit dans une salle dédiée au Picardie Mouv (Corbie), dans un bar en « compensation » d’un festival R4 gâché par la pluie (Le Charleston à Amiens) ou encore à Gamaches, il y a de cela précisément 6 ans, pour un concert cette fois perfectible. Peu importe le lieu, l’esprit et la générosité demeurent intacts.
Il n’empêche, les zicos de Bois d’Arcy, présentés à Gamaches, en 2008, par la personne annonçant leur arrivée comme « galbés comme des coquelets », ont sévèrement pris du galon, se sont rodés à la scène avec acharnement et désormais, on se retrouve délicieusement secoué par leurs prestations live, dans la foulée d’un brillant Domino sorti à la rentrée dernière. Renforcée par, -surprise!- la présence dans ses rangs d’un fougueux guitariste entrevu en juillet dernier avec Lescop, la formation menée par Jérôme Coudanne possède maintenant une mainmise depuis longtemps installée sur l’univers de la scène et, de façon simultanée, sur ses productions discographiques, plus bourrues et moins timorées.
Hier encore et après l’apparition d’un sympathique mais étayable combo local, Périf, qui certes vit avec intensité le moment mais présente un show convenu (logique vu sa « jeunesse »), Deportivo s’est permis d’électriser l’ASCA beauvaisien, en partant d’un Domino percutant pour ensuite étaler une vingtaine de titres sans détours -tout juste se relâchera t-on à l’écoute des quelques « contines » poppy paisibles moins addictives jouées par les hommes du 78-, émaillés par un belle et bien sentie reprise du Be my baby des Ronettes. Inutile d’entrer dans le détail, un set de Deportivo, c’est l’assurance d’une intensité salvatrice et d’une rage rock brute ou « mélodisante » du meilleur effet, en plus d’une symbiose imprenable et d’un plaisir de jouer évident. Le public ne s’y trompera d’ailleurs pas: plus fourni qu’à l’habitude (Isariens, je me répète: réveillez-vous, l’Ouvre-Boite et sa prog’ imprenable valent largement le voyage!), ses premiers rangs vont vite se déchaîner, après avoir gigoté sans relâche au son de la vingtaine de titres livrés (notons à ce sujet la cohérence entre morceaux « neufs » et essais « d’ antan »), pour finalement se retrouver sur scène, au beau milieu de musiciens encore une fois performants. Et dont le territoire de prédilection reste dans conteste le live, honoré par cette date beauvaisienne marquante.
Photos William Dumont.