Album vinyl de ceux qu’on ressort avec joie longtemps après réception (il date de 2012), Weapon of woman destruction, du duo nordiste Jimi was Gain (Romain Barrez et Aurélien-Victor Lagache), méritait bien un article tant il s’avère bon, la paire de fougueux musiciens garage se voyant en outre épaulée ici par le légendaire Tony Truant (Dogs, Wampas) à la guitare.
Avec les relents « Louisiane » concoctés ça et là par Nath Quenu et Christophe Grison, ainsi que les incursions d’orgue et de claviers signées Stéphane Dezèque, le tout s’étend au delà du rock brut et direct, mais pétri de classe, des deux jeunes hommes. Les morceaux, courts et efficients, produisent un effet immédiat et significatif, l’harmonica d’A-V. Lagache enjolive We suffer together sur la face A et avant cela, Jacques Dutronc said aura livré un aperçu classieux de la « politique » du groupe, certes frontal mais jamais de manière « impensée ». Chaque morceau vaut son pesant d’écoutes, l’ennui n’a pas prise ici et même les morceaux « posés » tel Love song réjouissent leur monde.
Voilà donc pour la face initiale, prolongée sans creux par le second volet et d’emblée, un percutant Go home alone, punky et sans concessions à l’instar du reste. Les solis, marquants et ce d’autant plus qu’ils sont délibérément éphémères, épicent l’album et on se dépayse fougueusement par le biais de ses douze compositions boostées. Et qui, lorsque le tempo baisse, gardent leur impact (Beefy et ses touches bluesy magnifiques, My grand mom et ses belles mélodies). On touche même au blues des origines à l’occasion de Song of water, qui s’anime ensuite et se fait rugueux, et le reste sera bien entendu à l’avenant, jusqu’à My brown eyed girl qui mettra fin aux festivités, après Strong love et sa cadence de plus en plus vive doublée d’excès sonores appréciables, de façon apaisée à un opus sans failles, neveux et racé.