Après Abd Al Malik et sa relecture exigeante mais captivante de Camus, la « MACU » amienoise conviait San Severino et son ensemble country-bluegrass « à l’ancienne » pour un autre de ses temps forts, suivi comme attendu par une assistance « copieuse ».
Laquelle, en dépit d’une prestation à mon sens mitigée et perfectible de son protégé, allait progressivement acclamer puis plébisciter ce dernier, au registre bluegrass/country manquant parfois de réel relief malgré de bonnes compositions, un tantinet -mais trop peu- encanaillées en certains endroits. Des tranches de vie graves ou amusantes, narrées dans une belle musicalité, certes, chatoyante et dépaysante mais, au delà de cela, trop polie. Il manque ici le rythme, affirmé, d’une batterie, qui aurait donné du coffre à l’ensemble, agréable à l’écoute certes et entrecoupé qui plus est de blagues bien senties du bonhomme, ou encore la rudesse de sons plus « sales » que ceux des violons et banjos ou encore d’une contrebasse. On adhère pourtant, l’instrumentation soudée faisant malgré tout son petit effet, on décroche ensuite, lassé par le côté répétitif de l’évènement, et on oscille finalement entre intérêt et quasi-bâillements. Sans, cependant, se désengager complètement d’un spectacle singulier quoique peu surprenant.
La foule, elle n’en a cure et quittera même sa position désespérément assise pour réclamer à cris nourris un rappel qui, logiquement, durera un certain temps et verra l’artiste du soir, reconnaissant, et ses musiciens saluer chaleureusement ses « aficionados ».
Concert estimable donc, au vu de la réaction de la salle, plus « creux » si on se montre exigeant et que l’on fait la fine bouche, d’un artiste néanmoins pluriel et talentueux, qui touche à divers genres avec, au bout du compte, la même maîtrise et un résultat souvent élevé .
Photos William Dumont.