Oiseaux-Tempête comprend dans ses rangs, entre autres intervenants adeptes de l’expérimentation, Stéphane Pigneul et Frédéric Oberland, membres entre autres de Farewell Poetry (vus au 106 de Rouen, magique!) et du Réveil des Tropiques, auteur d’un excellent opus éponyme lui aussi basé sur les « chemins de traverse ».
De bon augure donc, le line-up de ce nouveau projet, auquel prennent également part le batteur Ben Mc Connel (Beach House et Au Revoir Simone, par exemple) et le vidéaste-photographe Stéphane C., « promet », si l’on peut dire.
Et le résultat, forcément « a-normal », commence par dérouter, nous emmener dans des essais très libres, sans contrainte aucune si ce n’est une forme d’improvisation maîtrisée, pour nous déposer aux frontières d’une lassitude fatale. On n’en reste cependant pas là, eu égard au pedigree des intervenants et la succession des écoutes dévoile des climats grinçants, d’une beauté balafrée par des élans free dont on s’éprend finalement au point de rejouer régulièrement l’intégralité de l’album. Lequel, beau et tourmenté, pur et noisy, est à inclure dans la catégorie de ceux qui, difficiles à appréhender, ne se livrent qu’à l’issue d’efforts d’assimilation consentis et répétés.
le jeu en vaut donc la chandelle et Buy gold (beat song), entre autres et après une intro intitulée Opening theme (ablaze in the distance), vomissent des climats prenants, entre quiétude et fureur à peine contenue, qui font toute la sève ce de premier jet. La durée conséquente de la plupart des instrumentaux dévoilés ici (on ne trouve de voix -éparse- que sur deux ou trois titres, ce qui au final donne une dimension supplémentaire à l’album) permet en plus au trio d’imposer ses atmosphères, contrastées (La traversée), saccadées (un excellent et presque psyché dans le son Kyrie Eleison, qui contient lui aussi un « chant » dépaysant), en tous cas continuellement intéressantes. De courts interludes calment le jeu, puis on repart dans des travaux à la splendeur déchirée (Ouroboros, long de plus de dix-sept minutes, tout comme L’île et ses dix minutes passées, moins fracassé mais tout aussi insoumis, à la quiétude trompeuse). Call John Carcone, entre ces deux longs formats, ayant à son tour fait sensation en mêlant plans noisy débridés et plages plus sous-tendues. Avant qu’Outro (for the following) ne mette fin à l’aventure en réinstaurant une linéarité synonyme de conclusion apaisée à un opus certes âpre, mais qu’on se doit d’aller chercher. Pour, au bout du compte, vivre une expérience à l’image finalement de notre quotidien: belle et « souillée » à la fois, l’équilibre entre les deux étant ici bien trouvé.