Groupe pop amienois, Elegant Fall séduisait jusqu’alors par des prestations live raffinées -un peu trop parfois-, porteuses d’un style en cours de personnalisation et traduit, déjà, par de fort belles compositions. Manquait donc un réel support pour étayer le tout et le faire connaitre au plus grand nombre. C’est chose faite avec ce premier EP aux trois titres rutilants, qui voient en outre le quintet picard s’extirper d’une trop grande prudence, d’un registre pop certes classieux mais par trop doucereux, pour lui donner du caractère.
Ca débute par Nocturnal friend et son intro vaporeuse de toute beauté, relayé par une pop vive et qui porte le sceau d’une belle subtilité. Alerte et mélodique, le titre vaut son pesant d’écoutes et mêle, donc, sensibilité et énergie salvatrice avec maîtrise. C’est beau, dans le chant comme dans l’ornement sonore, des choeurs légers étoffent le morceau et l’amorce est parfaitement réussie. Elegant Fall a mûri, a grandi aussi et ce titre inaugural le démontre joliment.
Voilà de la pop comme on l’aime, avec de l’âme et de la vigueur, avec de la mélodie soignée et Puppet in the snow, plus « noisy », accentue encore l’effet, breake avec adresse, instaure des guitares de toute beauté, des claviers épars mais à l’apport juste. Plus ombrageux, plus rapide aussi, il égale Nocturnal friend dans la qualité et permet au groupe de franchir un pallier supplémentaire.
Pour conclure, Ronan Mézière et ses acolytes peuvent signer dans la quiétude, dans la distinction, un The songwriter léger, « climatique », qui met fin à ce premier jet avec élégance. L’essai est réussi, on aime, on en redemande même au vu du contenu restreint bien qu’hautement qualitatif. Et on se réjouit, bien entendu, de voir un jeune groupe picard parvenir à un tel niveau de « poppisme », dans une unité qu’on souhaite bien entendu voire perdurer et générer d’autres sorties, « nocturnal » ou discographiques, de même teneur voire plus nerveuses encore.