« Focusing on the worst » avait déjà surpris -très positivement- en 2012, Playground fera de même en 2014 avec son rock indé 90’s qui fait émerger de belles références, bien digérées et ce depuis les débuts, et des trames aussi finaudes que sauvages. En duo -comme quoi il n’est nullement nécessaire de constituer une armée de musiciens pour bien faire et taper fort et juste-, Matthieu Courège (Guitars, loops, noises & words) et Philippe Vesin (batterie) font preuve du caractère d’une Shannon Wright, de l’urgence d’un Fugazi et du ressenti d’un Chokebore, le tout merveilleusement imbriqué.
On en redemande, d’autant que l’estampille 90’s de l’ensemble attire sans possibilité de résistant, et les bourrades jouissives d’Osaka, entre force et finesse, inaugurent les débats de façon plus que réjouissante. Se greffe à cela une mélancolie prenante, prégnante, et nous voilà d’entrée de jeu placés sur les bons rails, ceux d’une paire soudée et probante. Nothing, tout aussi versatile mais équilibré, et pertinent, alliant ensuite et à son tour les deux tendances brillamment, de façon moins ouvertement rythmée, plus « leste » et en s’appuyant sur un chant aussi épris de douleur que chatoyant.
C’est bon, très bon, et Spoon battle vient dans la foulée consolider l’oeuvre des girondins. Fonceur, riffant, doté de passages brefs plus massifs, il hisse McNoodles à un niveau digne de ses sources d’inspiration. Puis You waited for, it happened, retenu à la manière d’une Pj Harvey, d’une « belle beauté » pop déviante puis fougueux et noisy, parle à son tour avec éloquence.
Enfin, Watching Dr Jones pose quelque peu le jeu, fait dans une finesse menaçante, puis instaure des plages fracassées et conclut joliment un EP majeur, dans l’attente d’un album bien sur tant Mc Noodles s’avère capable de demeurer constant dans la qualité.