Rassemblement d’oiseaux de bars parisiens se trouvant être musiciens, The Barfly Drummers a pour mérite d’avoir, déjà, enfanté deux albums dont celui-ci, éponyme et déjà disponible, et un second destiné à paraître début 2014 avec l’appui d’Extra Pekoe.
Sur les neuf titres composés, on vit un voyage rythmique et stylistique qui, tout en s’avérant éprouvant voire exigeant, suscite un réel intérêt, ingénieux qu’il est, tout en se doublant d’effets psychologiques aussi définitifs que salvateurs. Inqualifiable, électroïde et autant posée qu’irrévérencieuse (La danse des boiteux), la mixture de ces talentueux déjantés pose des ambiances diverses, construites avec dextérité, et une multitude de sonorités elles aussi à l’écart de toute norme castratrice.
Cosmique (Nous allons vous les montrer…, F451, spatial puis leste et puissant), étayé par des voix samplées, basé sur des sons et climats réitérés, l’univers des Barfly Drummers, subtil et doucereux mais sans se départir d’un esprit décalé (Plantasia), entraîne l’auditeur qui n’aura pas décroché dans une sarabande cadencée (Le chevauchée des aphones nébuleux). Porté par des titres aux intitulés loufoques qui illustrent bien la démarche du groupe, hétéroclite (batteurs, beatboxers et trifouilleurs de synthés s’y côtoient allègrement), il allie beats lunaires et cadence vive, greffés à des voix et sons d’ornement moins purs (Plymouth fury). A l’issue de plusieurs écoutes, la recette fait effet et dévoile un bon premier album, de ceux qu’il faut aller chercher, qui ne se livrent pas d’emblée. Digne d’intérêt dans ses penchants lestes (Tératogénèse) au décor « symphonique » comme sur sa conclusion un brin linéaire (Danny Neutrino!), de la bonne ouvrage donc, aux détours de laquelle peut cependant poindre une certaine lassitude eu égard à un contenu difficile à appréhender.