Organisée dans le cadre du projet d’accompagnement de la Lune des Pirates, l’ultime soirée 2013 avait fière allure puisqu’elle mettait en avant (encore!, dirons certains; pas faux mais le jeu en vaut la chandelle) la paire « Monnaie Solaire » AKA David Monet et Jocelyn Soler alias The Name, fort d’un tout nouveau set peaufiné avec, donc, l’appui de la « Lune » et de Nicolas Baloche, moitié des bien nommés Tambour Battant.
Placée sous le signe d’une electro plurielle, la soirée allait démarrer timidement avec les jeunots du jour, Le marchand de sable, à l’electro trop roborative, trop hésitante encore, pour « mettre tout l’monde d’accord », comme il est de coutume de dire. S’il y a derrière tout ça un incontestable travail, le rendu, longuet, s’avère au final peu digeste et trop linéaire. Ceci en dépit d’aptitudes évidentes, que le duo devra étendre et exploiter. Jeune, il s’acquittera de cela sur la durée et aura tout de même permis au public, jeune lui aussi, de se mettre en jambes.
Et il le fallait bien tant The Name, remonté, en terre conquise certes mais jamais dans l’acquis définitif, allait nous mettre sur le flanc avec une énergie et un esprit « live » de plus en plus prégnant. En mode electro, moins « club » qu’auparavant et pour une efficience rare, les deux acolytes se sont offert le luxe d’envoyer un son excitant, parfaitement exécuté, joué bien sur « en temps réel » et diablement bien ficelé. Musical, surtout -là est peut-être l’atout majeur des bonshommes-, dans une symbiose qu’il sera difficile de leur contester et pour un résultat tout bonnement étincelant, acclamé par la foule, dense et dansante, de la cité amienoise. On sent de plus chez The Name une éclate, un plaisir visible et largement partagé qui génèrent un moment de félicité musicale et font éclore au grand jour une formule évolutive, pensée et résultant d’une réflexion commune mûrement menée.
Gros pas en avant donc, d’un groupe déjà bien avancé, et set de feu: une bourrasque même, salutaire et justifiant à elle seule l’accompagnement de ces inlassables défricheurs.
Ceci étant fait, place à Tambour Battant pour la seconde et dernière raclée du soir et du début de nuit, avec un patchwork étourdissant, d’abord trop gratuitement rythmique mais qui, très vite, allait se préciser pour gagner en musicalité et envoyer une mixture jouée, jouée, j’insiste…elle aussi Tambour Battant. Entre hip-hop, electro, dubstep et « bass music », avec une furia et un brio qui mettront l’assistance en transe, Ben Stoker et son acolyte Chico, passés maîtres dans l’art d’imbriquer les genres, vont à leur tour conquérir la Lune. En toute légitimité au vu de l’excellence de leur jeu et de leur capacité à fédérer. En variant, en fusionnant à tout va et dans la pertinence et en imposant leur patte, définitive, frappée du sceau de la mainmise musicale et artistique. Et une inventivité sonore, comme chez The Name, bluffante.
Imparable donc, tout en changements de climats, avec les sensations qui en découlent; une prestation d’un niveau élevé, pour une dernière lunaire 2013 embrasée.
Photos William Dumont.