Longtemps indisponible en France, le premier album des Blacklisters, « noiseux » de Leeds, vient d’être réédité par le label palois A tant rêver du roi.
Pour connaitre ce dernier, on sait d’emblée qu’on ne se cognera pas, loin s’en faut, la dernière chansonnette de Lââm et d’entrée de jeu, Blacklisters fait parler la poudre avec Clubfoot by Kasabian, « braillerie » noise jouissive et bardée de grattes loquaces auxquelles se greffe une rythmique leste parfaitement ajustée. C’est bon, c’est au top dans le genre et la tension ne se relâchera que très peu sur les dix titres de ce premier jet éponyme, à l’impact notoire (Swords, autre standard noise aux basses massives mais qui groovent), même quand le tempo se fait très, très pataud (Nice garden), ceci sans que le contenu y perde de son accroche.
Le chant est certes hurlé, l’effort d’adaptation et d’assimilation est nécessaire mais une fois l’étape franchie, la gifle est jouissive, et le combo ne s’égare jamais dans des travers bêtement brutaux (les nuances et accalmies relatives de OK47). Les riffs sont souvent bons, plus que bons dans certains cas, charpentent et pimentent le tout et le côté saccadé des compos crée un effet qui ne s’estompe pas. On pense à Jesus Lizard pour les embardées noise dotés d’un groove percutant (Mouthpeace), mais les Anglais développent bel et bien LEUR recette, efficiente et sans concession aucune. On s’enthousiasme autant lorsqu’ils nuancent leur discours (Ask yourself a question…); on regrette même, à la limite, qu’ils ne le fassent pas plus souvent, d’autant que cela fait d’autant mieux passer les titres scandés tel Hero in China ou encore Trickfuck, aux breaks judicieux.
Puis le chemin prend fin sur Shush, instrumental massif qui met fin à un bon opus, sans faiblesse criarde, paraphé par un groupe qui, dans le créneau qui lui est propre, se distingue incontestablement.