Décrit comme le « fils caché de Zappa », Man Man sort avec On oni pond son cinquième disque, sur le même label et selon la même provenance, le même esprit aussi, que ses potes de Dr Dog.
De façon logique, on y retrouve donc un peu la même « mixture » des genres, foutraque et désordonnée mais, à l’image du groupe précité et de ses productions, régulièrement digne d’intérêt. Ca démarre d’ailleurs fort, Pink wonton instaurant sa cadence vive et sa soul-rock parfaitement bâtie, aux accents qui plus est pimentés. Puis End boss fait dans l’exotisme sonore avec ses motifs de synthés insistants, et ses voix bourrues font effet à l’instar de son ornement sobre, avant que Head on ne fasse de même selon un tempo plus relevé. Mélodiquement et dans le brassage, c’est réussi et le groupe peut en guise de cinquième titre se permettre une sorte de trip-hop soul inédit (King shiv), il réussit dans son entreprise par l’entremise de sons de choix et fait passer son côté cool sans lasser, ou très peu. Puis, Loot my body, aux chants masculin/féminin qui se complètent, impose une soul vivace qui étaye le champ d’action du groupe. Ce dernier apportant de façon récurrente la preuve d’une belle inventivité sonore, sur ledit titre comme partout ailleurs, suivant un esprit tordu et créatif.
Si Deep cover, qui suit, présente une trame acoustique plate, il sert néanmoins de belle transition avant Pyramids, excellent, qui s’appuie sur la réitération de sonorités imaginatives et fait preuve d’un bel allant, et Sparks, lui aussi vif et hérissé par des riffs de guitares épars mais marquants. Le mélange prend donc bien, Man Man maîtrise son sujet et le funk de Paul’s grotesque enfonce ensuite le clou d’un procédé porteur.
Sur la fin, Fangs, plus saccadé, impose des parties presque free, un court Curtains son élégance vocale et instrumentale. Puis la route prend fin sur un Born tight alerte, entre pop, rock et soul, aussi rude que distingué. A l’image d’un opus exigeant mais de belle facture, inspiré et métissé.