Actif depuis dix bonnes années et prolifique d’un point de vue discographique, Dr Dog, de Philadelphie, sort son troisième album studio avec B-room, entre soul et rock bricolé, qui peut ennuyer « sévère » (le gospelisant The truth en ouverture) mais aussi s’avérer intéressant, acidifié et assez ingénieusement tordu (Phenomenon). Les cinq T y mêlent penchants soul et guitares torturées avec succès (Broken heart), les chants associés amenant un plus à leurs compositions. B-room, au premier abord presque plat, dévoile au fil des écoutes ses richesses, allie « coolitude » non ennuyeuse (Minding the usher, Distant light) et essais plus mordants avec un panache certain.
S’il est moins accrocheur sur ses plages acoustiques posées (un trop commun Too weak to ramble), il démontre son savoir-faire dans l’élaboration de compos à la fois classieuses et amères, dotées de cuivres et d’un côté rock bienvenu (Long way down), impose d’ailleurs de belles parties de guitares qui pimentent sa soul (Cuckoo), pour ensuite faire preuve d’une belle finesse sur le rêveur Twilight.
Enfin, on a droit à une acoustique agitée puis électrifiée de bon aloi sur Rock & roll, au débit…funky, et dans la foulée à un alerte et mélodique Love lui aussi bien ficelé, d’obédience pop-rock vive. Puis on termine sur Nellie, pas très éloigné de l’inaugural The truth, qui repart dans les mêmes travers ennuyeux. Ce qui n’entache que peu la qualité générale de B-room, souvent abouti et original, aux confins de genres ici bien imbriqués.