Organisé dans le cadre du projet IC Music, donc porteur en termes de qualité, le concert de ce jeudi soir, à la Lune des Pirates, mettait en scène l’une des plus grosses découvertes françaises, nantaise plus précisément: les Von Pariahs et leur rock cold merveilleusement mis en chansons sur l’album du groupe, le bien nommé Hidden tensions. Avec, comme de coutume dans le pays concerné, un groupe belge à la pop étincelante: PAON.
Presqu’aussi brillant que l’animal en question, le quatuor belge dévoile donc dans un premier temps une jolie pop, à l’image de ce que fit Pale Grey, issu de la même nation, il y a peu. Bien que trop souvent doucereux, Paon exhale une pop patinée, aux accès rageurs disséminés ça et là, et dotée d’une âme qu’on ressentirait presque. Joli à l’écoute, une nouvelle trouvaille à saluer, pleine de finesse et une formation presque intimidée d’être là, qui gagnera peu à peu et en toute logique les faveurs du public amienois et de la poignée de lycéen(e)s doullenais venus pour l’occasion.
On ne s’en étonnera que très peu quand on connait la valeur des « ouvreurs » programmés au Quai Bélu et si la prestation entrevue fut avant tout pop, la tension et l’intensité allaient monter d’un large cran avec les Von Pariahs, bluffants de force et de grandeur, armés de surcroît d’une grosse dizaine de morceaux impeccables. Avec à leur tête un chanteur habité, des compositions entre plans cold, new-wave, aux écarts pop épars et merveilleux, transcendés par la scène et joués avec un impact qui jamais ne se démentira, c’est bel et bien à un concert de feu et de glace qu’on assiste, médusés par la puissance inspirée et le niveau du groupe sur les planches, par sa cohésion aussi. Court et tranchant, sans frime aucune et avec véracité, avec un talent déjà conséquent, le set des six mecs frappe fort et juste, sonne compact tout en se montrant dansant, et fait souffler un vent froid « d’époque » sur la Lune, secouée et ébouriffée par une multitude de morceaux stylés, remontés, dont aucun ne peut encaisser la moindre critique acerbe.
On en profite pleinement, on n’en rate pas une seconde et le côté « wild » du gig en accentue l’effet, au point d’en faire une dégelée sonore de celles qui nous laissent sur le flanc, hagards mais définitivement étourdis de bonheur.
Photos William Dumont.