Décevant sur un EP timoré (Quand même), Verone sort son troisième opus comme suite plus consistante, entre ballades vénéneuses étayées par des percus bien amenées et dextérité verbale soulignées par une belle acoustique et un chant sensible.
Cette fois, l’effet est plus saisissant. La vallée, pur et obscur, génère un climat prenant tout comme Suspends tes chaussures, un tantinet moins « tourmenté » mais non moins accompli. C’est sur cette atmosphère en clair-obscur que s’appuient donc Fabien Guidollet et Delphine Passant, aidés ici par, notamment, Sammy Decoster (co-réalisation, tambour, guitare, scie et chieurs) et qui, en confrontant clarté et prétentions moins enjouées, imposent leur patte et ce qui pourrait bien devenir le style Vérone, aux faux airs de Noir Désir tranquillisé mais toujours porteur d’une tourmente décisive . Ses ouvertures déviantes (la fin de La percée, quasiment free) plaident en sa faveur, son jeu étincelant également et Verone, doué, a su se décaler d’un répertoire parfois et jusqu’alors trop normal ou trop peu surprenant.
Sur La percée, il ose et réussit, fait passer ses rendus posés (Mamie), qu’il a la bonne idée de rendre épars, et signe même un rock dense sur Quand même. Racé, le résultat finit par envoûter par sa profondeur (Izenah puis le faussement tranquille Vieille peau, bel enchaînement), impose sa lenteur trompeuse, sa textuelle expressive et imagée, et prend fin sur un duo vocal représentatif de la complicité qui caractérise ses géniteurs (Fêlée mon gars ta coque).
Bel effort donc, à l’éclat évident, au style tout aussi remarquable, que ces dix titres que je qualifierai à l’arrivée de « Veroniens » tant ils s’avèrent personnels et aboutis, ne ressemblant guère à autre chose de déjà connu et pratiqué.