2007, Aquaserge est invité à accompagner sur scène April March, ancienne égérie Tricatel, californienne francophile internationalement connue. De cette rencontre et de leurs complémentaires différences émane une collaboration dont le résultat, étincelant, tient en ce disque rétro jusque dans son emballage, et pourtant très actuel, qui fait se confronter des spécialistes du « psychédélico-progressif » (dont le batteur Julien Barbagallo de Tame Impala et Benjamin Gilbert, bassiste de Melody’s Echo Chamber) et, donc, une artiste aux prouesses yéyé reconnues avant que Burgalat himself ne la prenne sous son aile. Et connue, aussi et surtout, pour son Laisse tomber les filles inscrit au générique du fameux Death Proof de Tarantino.
Improbable ou presque, l’alchimie entre les deux parties va vite prendre forme, Elinor Blake, ladite artiste, sidérant les toulousains au point que leur collaboration leur apparaîtra rapidement comme une évidence. En résultent donc douze titres au charme pop 60’s irrésistible, doux mais aussi acidulés (Love is a maze), légers et magnifiques, sobres aussi, et un opus « made in Freaksville » impeccable que la production de John Mc Entire, mythique leader de Tortoise, valorise plus encore. Des titres en Français presque d’époque, doux comme une sucrerie (J’entends des voix, Des tics et des tocs) s’y invitent et cohabitent avec des essais plus tourmentés (Ready aim love), balafrés par l’instrumentation torturée d’Aquaserge, ou encore des travaux pop-folk sautillants superbes (l’inaugural Black bars). L’ornement sonore est splendide, truffé de sons malins.
On aurait donc bien tort de chercher à résister à un tel opus, charmeur (Red life), alerte et sans artifices (Spirals), qui durcit gentiment le ton en sa fin (un également impeccable Parce que pourquoi) et allie merveilleusement voix chatoyante et touches instrumentales aussi souillées que tirées à quatre épingles. On se régale, on se vautre dans les effluves psyché ouatées de Sparklers puis la cadence d’abord vivace de Picture the sun, sa beauté poppy, font à leur tour effet.
Enfin, l’avenant How was your day? conclut dans la grâce un disque sans défauts, auquel le seul « reproche » qu’on pourrait faire serait son penchant peut-être un peu trop systématique à la douceur. Mais le dosage est si juste, le contenu si abouti, qu’on ne peut que s’incliner devant ces perles pop génialement datées, dotées d’atouts variés et constamment dignes d’intérêt.