Quatuor londonien, Grass House sort avec A sun full and drowning son premier album et il s’agit d’une belle surprise, faite d’un rock élégant, qui peut friser l’élégance vénéneuse d’un Nick Cave (And now for the wild) après avoir approché, sur l’amorce du disque, le Velvet dans ses penchants lancinants, vrillés (Spinning as we turn).
Classieux, retenu mais malgré tout intense, Grass House se révèle et impose dix morceaux de qualité (Of waste and art et ses embardées presque noisy), qui crient magnifiquement leur révolte et mêlent admirablement prestance sonique et instants belliqueux. La voix, singulière, magnifie le tout (Faun), éclairé, aussi, par des sonorités fines. On s’attache donc vite à l’album, aux clairs-obscurs enchanteurs (The colours in the light may obscure) qui rappellent les Whipping boy et leur plus que bon Heartworm « made in 90’s ». Les voix alliées (Wild and in love) et les multiples sons assemblés en un décor sonore en font toute la sève, de même qu’une écriture et une composition de haut niveau, entre vivacité et moments modérés (I was a streetlight, obsédant). On en approuve même les essais les plus posés, comme Tasteless and taciturn, pour ensuite s’imprégner de l’agité et joliment tourmenté A thousand generators.
Enfin, l’aventure prend fin sur Avocado eyes, posé et lui aussi estimable même si, pour donner du nerf à l’ensemble, on aurait apprécié un réel coup de boutoir. Au final peu importe, A sun full and drowning génère un effet durable et ne prête jamais le flanc à la critique; il scintille et nous révèle un groupe déjà optimal dans son rendu, prêt à s’attaquer à la fatidique épreuve du second album et à laisser libre cours, sur les planches, à un répertoire chatoyant mais aussi rude et bien ciselé.