Formation originaire de Rhode Island, menée par John Mc Cauley, Deer Tick en est avec Negativity à son cinquième album. Il y perpétue une recette entre folk, rock et country, souvent rondement menée mais qui manque tout aussi fréquemment de nerfs. Le début d’album confirme mes dires avec, suite à deux morceaux de bon aloi mais sans mordant (mis à part quelques instants de l’excellent The curtain), ce Just friends trop léger, trop doucereux.
Dommage, car on sent chez Deer Tick une propension à (bien) composer, à décoller réellement et c’est ce que fait The dream’s in the ditch, alerte, mélodieux certes mais aussi rude. Ici, beauté du propos et agressivité mesurée sont mariées et c’est dans cette option que le groupe me parait le plus crédible, moins lassant en tout cas qu’à l’occasion de ses réalisations sirupeuses tel Mirror walls, beau à entendre mais trop emphatique dans l’émotion qui en émane, ou encore Mr Sticks.
S’ensuit un essai lui aussi trop doucereux intitulé Trash, qui en même temps qu’il nous enfonce dans l’ennui nous amène à comprendre, de façon paradoxale, que les Américains sont, dans ce créneau « velouté », plutôt performants. Il n’empêche, le nombre de leurs morceaux chatoyants est dominant et on se réjouit presque de la semi-force de frappe de Thyme, plus tourmenté, ou encore d’un In our time aux relents bluesy-country qui lui donnent beaucoup de charme et qui, de plus, s’emballe en sa fin.
Il manque juste à ce disque, donc, un impact plus marqué qui ne surviendra qu’avec Pot of gold, aux humeurs changeantes, plutôt bourru, en fin de parcours. Avec, au bout du compte, une impression mitigée, entre satisfaction due à la qualité générale et frustration née d’un penchant trop récurrent à la douceur.