Granville ayant eu à se décommander, les Fatals Picards ont remplacé au pied levé le groupe de Caen, substituant ainsi aux Voiles initialement prévues, donc, un Septième ciel que d’aucuns atteindront dans une salle comble et quoiqu’il en soit naïvement acquise mais qui, soulignons-le, ne résultera aucunement d’un talent intrinsèque avéré. Le groupe se contentant de jouer sans singularité intéressante les morceaux issus de son rock délirant, entrecoupés de blagues longuettes et dispensables.
Mais avant d’y revenir, mettons en exergue l’apparition d’une formation au folk chatoyant: Wolves & Moons, scintillant écrin aux compos folk de Richard Allen que ses trois hommes de main épaulent sans fléchir. Toujours un régal pour l’oreille bien qu’un tantinet immuable, le registre des Picards prend du galon et s’affirme de date en date, de façon certes mesurée mais bien pensée. Bonne prestation de plus, donc, malgré l’air gentiment désabusé, dirons-nous, de son leader au moment de prendre la parole.
Qu’importe, sa sensibilité au chant et dans le jeu, la pertinence d’une formation précieuse convainquent et Wolves & Moons s’en sort avec les honneurs, avant que l’assistance ne réclame à cris nourris les Fatals Picards. Qui, à grands renforts de breaks « humoristiques » qui briseront l’élan d’un concert parfois bon quand il « envoie », plus souvent dispensable quand il s’adonne à des écarts dont on pourrait aisément se passer, vont…forcément réjouir un auditoire aussi prompt à rire de rien qu’eux-mêmes et lasser, tout aussi vite, les partisans, très épars, d’une originalité marquée et d’un contenu profond.
Qu’à cela ne tienne, l’objectif sera atteint, l’humour, même contestable, peut faire du bien et la communion avec les samariens épris de ces Fatals Picards décidément plébiscités aura bel et bien lieu, quand bien même on la suit et la comprend peu.
Mission accomplie donc, qui aura pour effet de mettre en liesse un Théâtre les Docks pour le coup copieusement garni.
Photos William Dumont.