Après les très bons Popopopops la veille, l’occcasion m’était donnée de (re)voir Gablé, trio caennais « folk-noise », et John Pdf que suivit, surprise oh combien estimable, Oy et son « afro-electro » géniale.
Devant une assemblée encore une fois maigre (on n’y comprendra pas plus que précédemment à Moreuil), c’est donc John Pdf, trio proche de Vampire Weekend dans l’esprit, qui ouvre la marche et le fait ma foi plutôt bien, en jouant une electro-pop aux rythmes africanisants qui, si elle évoque évidemment l’influence citée plus haut, s’avère bien ficelée et ingénieuse, suffisamment personnelle en tout cas pour inciter son auditoire à l’écoute. Le tout manque peut-être légèrement d’énergie, peine en certains endroits à décoller, mais l’investigation sonore d’Ennio Neagle et des frères Morrisse MacLean génère de bons rendus (Tarzan, Blue taxiphone, Beyond the sound, Game et j’en passe), dépaysants, dotés d’un côté rêveur qui fait effet tout en se montrant à l’occasion enlevé et groovy.
Début de soirée plaisant donc, avant que n’arrive Oy, paire dont le batteur Lleluja-Ha joue flanqué d’un couvre-chef pointu qui lui couvre entièrement le visage et assène des rythmes implacables, charpente d’une afro-electro menée de main de maitre(sse) par Joy Frempong, chant et claviers , qui bâtit des pièces sonores non seulement magnifiques, mais aussi agitées, truffées de sonorités venues d’ailleurs (Akwaba et bon nombre d’autres extraits de l’excellent Kokokyinaka, second opus de cette paire envoûtante à l’extrême). C’est plus que bon, ça groove, ça pulse intelligemment et de façon insoumise, la plupart des morceaux joués génèrent le voyage et Oy, issu de…Suisse, réussit la prouesse de donner une vraie seconde vie à ses titres, déjà convaincants sur disque mais, soulignons-le, plus encore sur scène. On pense à Joya Hope, entrevue ici quelques semaines auparavant en première partie de Fauve, en moins sombre, et on en ressort tout simplement ravi.
Puis c’est au tour de Gablé, les inénarrables Gablé, de flanquer la raclée sonore et stylistique à l’Ouvre-Boite, à partir d’un univers aussi noisy (Verbena tea) qu’infantile (Oitre, Seeded), les deux se voyant même imbriqués avec habileté au sein d’un seul et même morceau (Drummers we hate, Cinder, Limp to glove). Etrangeté synonyme de génie dans la composition, association de genres différents et à l’arrivée complémentaires font de sets de Gablé des moments intenses et privilégiés. L’un de ses membres arbore le t-shirt du Washing machine de Sonic Youth, ce qui donne une idée assez fidèle de la force de frappe qui peut être la leur, et la symbiose tordue entre les trois musiciens est renversante. A la fois subtil, délicat, et percutant à souhait, Gablé s’appuie sur cette recette originale, hautement efficiente, et le contenu de son petit dernier, Murded, pour offrir un concert de feu, tout bonnement génial.
Super soirée, pour conclure, que ce plateau qui à aucun moment n’aura lassé son monde, créditant un peu plus encore l’initiative d’associer des groupes musicalement différents mais proches de par l’esprit affiché.
Photos William Dumont.