Dans le cadre de la sortie d’album d’Anorak, groupe local capable, aussi, de s’imposer sur le plan international, La Lune des Pirates accueillait ces derniers en « stars » de sa soirée, accompagnés par Taman Shud, constitué des membres chevronnés de feu(x) Oniromancie, Don’t You Dare et My Dear Hunter, et Infected Society.
La puissance sonore était donc de mise, entre stoner, grindcore, post-hardcore et élans rock’n’roll et l’enchaînement de ces trois combos « du coin », outre le fait de mettre en lumière une scène amienoise qualitative, se sera avérée porteuse. Taman Shud débutant donc avec son stoner jouissivement gras, sous influence Kyuss/QOTSA, pour situer, bien ficelé et bien exécute. L’expérience de ses zicos permet au groupe, malgré sa « jeunesse », de composer des titres sans faiblesses, qui sur les planches du live trouvent une bonne et solide interprétation. Déjà prometteur donc, avec de surcroît un EP fraîchement sorti assorti d’un bel artwork, qui propose sept titres pour la bagatelle de deux euros, Taman Shud sera de toute évidence à suivre à la trace, fort entre autres de cette première « grosse date » marquante.
Ceci étant fait -et bien fait-, place pour le relais à Infected Society, lui aussi fiable puisque, pour sa part, composé d’ex-Ashura, Yyrkoon, Altered Beast, DSK ou Decline of Humanity, pour faire court, et auteur déjà de quelques sorties live, ou discographiques, qui « laissent des traces ». Avec le nouveau et excellent « Suicidal » en fond sonore dans la Lune entre les sets, l’évènement allait se poursuivre de façon probante, l’uppercut sonique signé dudit trio faisant un bien fou là où il passe, agrémenté en sa fin d’une reprise du Sanblasted skin de Pantera, source d’inspiration avouée à l’instar de Napalm Death. Si elle ne s’embarrasse pas de fioritures, la musique d’Infected Society ne souffre aucune critique négative du point de vue de son contenu, produit, en live, un effet durable, et se révèle bien plus « pensée » qu’on ne pourrait le croire s’agissant d’une telle mouvance.
Excellente « baigne » grindcore donc, qui eut aussi pour vertu d’optimiser le moment avant la venue, attendue, on s’en doute, d’Anorak. Qui, avec son fameux Go up in smoke sous le bras et une série de dates sans sa besace -dont une avec Biohazard, tout de même!-, fait d’emblée valoir sa puissance et sa maîtrise en s’appuyant sur un répertoire fourni et sans failles. A la croisée du post-hardcore, du métal et du rock’n’roll, doué du pouvoir de « groover dans le déferlement sonique », de varier les climats avec cohérence, le quatuor picard se distingue grandement, instaure ça et là des accalmies qui le rendent plus significatif encore, et apporte la preuve définitive de sa mainmise, dont on doutait déjà fort peu. Avec pour terminer une reprise high-energy du Paint it black des Stones. C’est bon, ça cogne intelligemment et on sent que le groupe, au carnet de route étoffé, a depuis un moment déjà acquis une légitimité certaine.
Laquelle lui permet, pour le coup, de rafler la mise et de conclure brillamment une soirée aux airs de point d’orgue d’une période faste pour lui et ses deux « accompagnants » du soir.
Photos William Dumont.