Auteurs d’un clip de toute beauté, basé sur une animation en papier découpé intitulée Dreamer et élaborée par Richard Allen, Bertrand Hazard et Simon Lefebvre, les amienois de Wolves & Moons étaient si on peut dire les « vedettes » de ce vendredi 1er novembre à la Lune des Pirates. Faisant dans la folk chatoyante et sensible au plus haut point, ceux-ci se sont bien entendus distingués, tant par la présentation dudit clip au public avant les concerts que par leur propre prestation.
Mais avant cela, revenons sur l’ouverture, assurée par les caennais de Clockwork of the moon et leur pop-folk elle aussi doucereuse, agrémentée ça et là de pics psyché nettement plus mordants. Une jolie apparition, stylée, qui nous permit, comme de coutume avec la « Lune », la découverte d’un artiste estimable et d’un répertoire fin mais de caractère. Bonne « inauguration », donc, avant la prestation, plus probante encore, d’Erevan Tusk. Les parisiens, doués, imposant une pop qui, si elle fait preuve de finesse dans mes mélodies, n’hésite pas à prendre des chemins de traverse rock affirmés pour quelques encablures plus loin revêtir des atours folk qui jamais ne sombrent dans l’ennui. Fortify your innocence, leur superbe premier album, dévoile d’ailleurs plusieurs compositions de tout premier ordre qui, jouées ce soir, consolideront le set déjà convaincant du groupe (Cassidy, le superbe Frostbitten joué en fin de « gig », le mélodico-bruyant Ivy ghosts, Truth or dare ou encore In your shadow). Erevan Tusk met la fièvre et l’émotion qui s’imposent dans sa pop et, habité, cohérent, poursuit la soirée de bien belle manière. Il y a chez ce groupe la verve d’un REM, perceptible même s’il n’en est, avec un opus au compteur, qu’à ses quasi-débuts.
Place ensuite à Wolves & Moons, « vedette » du soir et géniteur d’un univers folk magnifique, étayé par des morceaux subtils, à l’émotion communicative. La voix de Richard Allen, certes posée mais au timbre légèrement rocailleux, greffée à une instrumentation de choix, générant l’enchantement et le voyage des sens même si pour le coup, l’engouement fut moindre, de la part de l’assistance, qu’à l’occasion de la plupart des autres venues du groupe.
Qu’importe, la beauté, la sincérité du répertoire et les quelques sursauts soniques qui le jalonnent (At the time) enfantent un bien beau concert, assuré par un groupe dont la cohérence n’est plus à démontrer. Sorte de trouvères de langue anglaise, les Wolves & Moons exhalent le souffle des grands espaces, le boisé des forêts et par extension de la nature. On les suit dans leur démarche, l’esprit vagabonde et on s’évade à l’écoute de cette musique évocatrice, personnelle et réellement authentique, faite « main et maison ».
Belle soirée donc, suivie par un public moyennement fourni -dommage au vu de la qualité du spectacle-, dans un format pop-folk/rock du plus bel effet.
Photos William Dumont.