Trio auvergnat instrumental, Kafka sort avec l’Architecte sa quatrième oeuvre. Il y collabore avec Marc Bauer et signe douze instrumentaux aussi tendus qu’éhontément purs, menaçants (Feu-cortège), basés sur la sainte trilogie basse/guitare/batterie.
Adepte des ciné-concerts, Kafka n’a en effet pas son pareil pour élaborer des trames déviantes qui peuvent se faire bruitistes (Flou, Train), obscures ou lumineuses (Le château) et dont on ne doute guère qu’à l’arrivée, l’ambiance ainsi conçue prend l’auditeur, ou le spectateur, dans ses filets. L’expérimentation issue de sa démarche évite l’excès, parvenant ainsi à maintenir l’intérêt et quand bien même l’association avec les images n’est ici pas possible, le rendu, « climatique » à souhait, retient l’attention.
A voir, toutefois, plus qu’à entendre, pour justement cette dualité entre son et image, Guillaume Mazard, Rémi Farraut et Rémi Aurine-Belloc, « alliés » sur le plan scénique à un musicien additionnel ayant pour nom Manu Siachoua, évoquent dans leur démarche décalée plusieurs groupes et courants pour au bout du compte s’attacher avec brio à la construction de leur propre monde. Ce que L’Architecte, jusque dans ses travaux les plus brefs (Bâtiment ou le terminal L’architecte (thème 3)), rend joliment, dans une tourmente mise en son avec talent et dans une opposition des styles, et atmosphères, qui s’avère cohérente en dépit d’une orientation bien évidemment exigeante.