Le trio marseillais Nasser, déjà réjouissant et judicieusement exubérant avec # 4, manifeste electro-rock aux motifs réitérés de la plus haute efficience, semble baisser de façon à peine perceptible en intensité sur ce nouvel opus, # 7, qui le voit démarrer fort…pour en aucune occasion se « vautrer », loin de là.
En effet, Nasser, également réputé pour ses lives notables, marie d’emblée rock et electro (séquences de choix, sans rajout à la noix, guitares mordantes comme il se doit et voix reconnaissable; c’est hyper bien ficelé, Bronson le démontre avec un brio fou et breake de belle manière en sa fin puis I’m a man se fait cold dans le chant, décoré par des plans de claviers à l’image du groupe: ingénieux). La gratte, tout aussi mesurée, fait dans une économie qui la rend diablement pertinente et il en sera ainsi de tous les morceaux présentés, d’un tel niveau que chacun pourrait avoir droit à son petit paragraphe.
Pas besoin de « tracer » ou d’en faire des tonnes pour se hisser aux sommets; il « suffit » d’avoir les bonnes idées, de ne pas en rajouter et d’allier les ingrédients avec adresse, comme sur Ghost song ou Discoball, complètement obsédant et dont on s’imagine bien brailler les paroles en se trémoussant sauvagement. Nasser a le son juste, trouve le dosage parfait entre organique et synthétique, et en apporte la preuve sur le bien nommé You are what you are, au refrain, on retrouvera cette caractéristique sur nombre d’autres chansons, qui reste en tête. Même Enter the Z, en dépit d’une répétitivité évidente, transporte et assure à la fois intensité et « spatialité ».
En réduisant leur propos à l’essentiel, Nicolas Viegeolat, Simon Henner et Romain Chicha confirment brillamment les espoirs nés de leurs premiers pas, et nous régalent de bifurcations cold dans la voix et quasi-guillerettes dans leurs parties de « keyboards » (The world is ours, prémonition?). Homogène, aussi virulent que subtil dans sa construction, basique dans le bon sens du terme, # 7 associe ensuite griffe rock (les guitares) et plans célestes (les claviers) à l’occasion de Breakin’, obsède à nouveau avec Out of control, puis joue une electro « de nuit » hautement enthousiasmante sur Numbers stations.
La coupe est pleine, le retour assez magistral et il ne reste alors plus qu’à fermer la marche avec la même maîtrise. C’est ce que fera The league, aux six minutes d’electro/cold-rock une fois encore savamment troussé, dont la fin immuable laisse se développer l’envie, irrépressible, de relancer ces onze titres d’un niveau qu’il sera cette année difficile d’égaler.