Deux ep’s et un album ont distingué Aedi avant ce Ha ta ka pa qui plante le décor, reconnaissable, du groupe: force et mélodie, déchaînement et distinction (superbe voix de Celeste Carboni) voisinent et, comme par magie, donnent des morceaux entièrement addictifs, jonchés à l’occasion de volutes de farfisa (Idea) que suivent de sérieux coups de boutoir soniques.
Original, usant d’une recette qui retombe sur ses pattes et a le mérite de ne pas nous perdre en route, le groupe impose ici neuf titres contrastés, donc, mais hautement cohérents, qui peuvent démarrer dans la quiétude pour ensuite envoyer du bois de façon directe (Rabbit on the road) sans que cela ne sonne forcé ou verse dans l’opportunisme, loin s’en faut.
Au contraire, le procédé est personnel, abouti, et rarement mélopées de choix, voix versatile mais souvent sensible et impact, force de frappe débridée, auront été à ce point justement associés. Quand le rythme maintient sa vigueur, que le rendu se fait moins tranché (Fohn), le résultat est de qualité égale et on ne décrochera pas des morceaux livrés, lesquels tiennent leur promesses sur des durées plus étendues (l’insidieux Nero). Même les huit minutes passées de Prayer of wind,progressives et atmosphériques, à la fin belliqueuse, font leur effet et quand vient The sound of death, éphémère et destiné à conclure en clamant joliment le jeu, on réalise qu’avec Ha ta ka pa, on a le privilège de posséder un album sans réel égal, à l’image de ce que peut faire, dans le même pays, OvO.