Fleuron d’une programmation étincelante issue de la salle isarienne, auteur de deux prestations déjà bluffantes (Briqueterie d’Amiens et 106 de Rouen), La Femme investissait donc le sol de l’Ouvre-Boite de Beauvais ce samedi, avec pour éclaireur Deci-Delà, sympathique mais perfectible formation isaro-parisienne au registre tellement peu surprenant, malgré une formule enrichie par un violoncelle et un violon, qu’on décroche vite. Entre rock et verbe intéressant, chanson et énergie brute et stylée, on espère au départ pour, à l’arrivée, presque bailler devant un groupe qui, pourtant, s’était révélé l’année passée au Mix Up de Creil.
Dommage donc, pour le coup, que les promesses dudit évènement n’aient pas été confirmées, en dépit de quelques bons titres (En découdre, assez urgent pour s’imposer, ou Le rêve de Lucien), d’autant plus que la tête d’affiche du jour, réputée pour ses apparitions sur les planches, n’allait nullement se priver d’enflammer le jeune public venu l’acclamer. Et qui, pris dans le flux ultra dynamisant d’une énergie phénoménale et d’un investissement total, en plus d’un enchaînement de morceaux aussi « uppercuts » que groovy, allait tout bonnement se retrouver sur le flanc, vaincu par la prestance de Clémence Quelennec et les siens. Qui, forts d’un groove incessant, d’une unité depuis longtemps affirmée et de morceaux non seulement originaux mais également hautement entraînants, vont rafler la mise et amener le public, en liesse, à envahir la scène.
Antitaxi, Amour dans le motu, Sur la planche (imparable!), La femme, Nous étions deux: les tubes rétro-modernes pleuvent, le clin d’oeil à Marie et les garçons en rajoute une louche, Si un jour et ses gimmicks de claviers obsédants (c’est une constante chez La Femme), parfait, fait de même et La femme ressort, subtil, de même que le scandé Welcome America, -ou l’aérien It’s time to wake up- renforcent l’impact « subi ». Inutile de chercher à résister, même les plus insensibles succombent au brio de ce groupe qui fait un bien fou à notre rock, allie références au passé (late 70’s et early 80’s) et modernité classieuse, et souffle une bouffée d’air frais partout où il passe. Le tout dans un mouvement continuel, par une clique de musiciens possédés et qui signent là, tout simplement, l’un des concerts les plus ébouriffants vus en ces lieux.
Le public ne s’y trompant d’ ailleurs pas en acclamant à grands cris, ivre de bonheur, La Femme qui fera l’objet jusque dans les rues avoisinantes de commentaires élogieux à souhait.
Photos William Dumont.