En ce début de saison, la Lune fait un véritable carton qualitatif et pour succéder aux impeccables Sarah W_Papsun ayant joué la veille, les Russes de Motorama, ni plus ni moins, étaient conviés à nous gratifier de leur pop froide comme la steppe -et comme leur attitude envers le public-, précédés par les extravagants mais néanmoins intéressants Carl & les Hommes-Boîtes, venus eux de Bruxelles.
Carl et les Hommes-boites
Carl et les Hommes-boites
Ceux-ci allaient jouer devant un public encore clairsemé, qui se densifiera singulièrement, et gagnera en enthousiasme, pour Motorama. Mais revenons à la prestation de ce quatuor à l’univers étrange, expérimental, qui évoque autant Diabologum (Mes amis) ou Soul Coughing que le jazz, le hip-hop ou le rock aux humeurs variables. Le tout servant d’écrin à des textes loufoques mais bien pensés, pour un set qui après avoir laissé les spectateurs distants les embarquera dans ses bifurcations singulières, enjolivées par un violon ou des cuivres dans la retenue. Belle découverte, dérangée et digne d’intérêt, que ces ressortissants du plat pays, dans un joli décor de troncs en carton.
Motorama
Le temps de voir débarquer une jeunesse cette fois forte par le nombre, massée devant la petite scène Lunaire et prête à en découdre, les ressortissants de Rostov sur le Don vont embarquer l’auditoire dans un enchaînement compact de chansons cold-pop qui, bien vite, déboucheront sur un concert addictif. Froids, certes, mais diablement performants, les protégés du label Talitres s’appuient sur leurs deux albums, Alps et Calendar, et sur le charisme glacial de leur leader, Vladislav Parshin, à l’organe vocal Curtisien (Nothern seaside, entre autres pépites cold), pour engendrer l’hystérie locale. A juste titre tant leur concert, génialement linéaire mais fait d’un genre accrocheur à l’extrême, truffé de chansons phares glacées, entraînantes et mélodieuses, dotées d’un léger côté « céleste » amené par les claviers, s’avère enchanteur.
Qu’on aille « To the south » ou « Far away from the city« , on suit Motorama dans ses embardées sensibles et agitées, aux sonorités aussi vives que délicates, drapées bien évidemment dans des effluves cold-wave délicieuses. Et on se voit une fois de plus vivre un enchantement éveillé, une sorte de Daydream dont la structure amienoise nous régale de façon récurrente depuis longtemps déjà.
Photos William Dumont.