Projet parallèle de Tony Chauvin, guitariste de Chevreuil et par conséquent déjà rompu aux joutes musicales décalées, moqueuses de toute norme pré-établie, Percevalmusic sort avec Recueil du mal son troisième véritable album, s’étant dans l’intervalle également essayé à la musique de spectacle de danse contemporaine ainsi qu’à un spectacle-installation nommé « Axes ».
Bien entendu, l’expérimentation y est de rigueur et rappelle la complexité de Chevreuil, d’autant qu’un batteur-saxophoniste (joliment audible, entre autres et concernant le second instrument nommé, sur le faussement serein, et magnifique, Rose-croix) ayant pour nom Ti Yann Février s’invite aux réjouissances. Fait de contrastes (chaud-froid, puissance-délicatesse), ledit album demande dans un premier temps un effort poussé d’assimilation puis, passé ce cap, regorge de mille et une richesses sonores, instaure des ambiances dont on ne s’extirpe qu’à grand-peine. Grinçant mais stylé (le bien nommé Messe souterraine), pétri de sons « organico-synthétiques » du plus bel effet, il crée la sensation, insidieusement puis de façon plus immédiate, et ne pêche, s’il y avait une critique négative à lui adresser, que par son absence de verbe.
En effet, un chant détaché, dépaysant, l’aurait à mon sens étayé et rendu plus attractif encore, mais il se suffit malgré cela à lui-même et s’impose par, d’une part, sa singularité, et, d’autre part, par les qualités intrinsèques de ses compositions. C’est le cas par exemple du « délicatement bourru » Elévation, magnifié par un violon, et le travail sur les sonorités, sur les textures, l’investigation sonique et stylistiques des deux bonshommes les place au dessus de la mêlée tout en soulignant leur spécificité, leur style aussi indéfinissable qu’estimable. Et obsédant jusque dans la réitération (le terminal Odysseus) de motifs savamment concoctés par la paire Chauvin/Février.