Pour sa troisième édition, le champêtre festival isarien avait tapé large, bien que constitué de groupes dénués de réelles surprises, en démarrant de façon grungy et rageuse, avec Your Own Film, pour au final donner dans la complainte houblonnée dispensable avec Lords of the Pints. Avec, dans l’intervalle, les Topsy Turvy et leur rock métal de charme, le tribute-band Riff Raff en clin d’oeil pompé à AC/DC et l’énergie punky « cornemusée » de To the Last Drop, et quand bien même l’ensemble se voulait prudent, chacun en a eu pour son argent.
Your Own Film et son rock grungy/indus débutant dans une vigueur torturée qui sans dégager une singularité excessive mais en offrant de bons morceaux, compacts et doté de mélodies valables, mettra tout le monde d’accord et distinguera ses géniteurs et son leader, habité et fort d’une belle présence.
Your Own Film
Les hostilités étant lancées, on restera dans le « heavy » avec les Topsy Turvy et leurs élans féminisants auxquels se frotte la gratte incisive d’un bonhomme en phase avec ses trois « compagnes de scène ». Un bon moment de plus, dans la vigueur et la bonne humeur, émaillé de quelques titres forts et se situant entre actualité et clins d’oeil à des formations d’une autre époque. Un peu à l’image de Riff Raff, qui prend ensuite le relais pour, du look à la note exacte, piocher sans vergogne dans le répertoire de Brian Johnson et consorts. Et si le registre, en l’occurrence, bétonne et est bien exécuté, on ne peut se défaire de la sensation, au bout de quelques morceaux, que la formule a ses limites.
Qu’à cela ne tienne, le public en redemande et plébiscite le groupe en braillant au son des Hell’s bells et autres Thunderstruck, parmi la pléthore de standards offerts par un chanteur charismatique à souhait et ses hommes de main.
To the Last Drop
Montée en intensité, donc, que ne fera pas baisser To the last drop et son punk-rock orné par une cornemuse, fun et percutant bien que, comme nombre d’autres combos, sans originalité débordante. Mais là encore, la foule n’en a cure et adhère aux titres taillés pour les pubs et les pintes de ces hommes « kiltés ». Pour, en toute fin de parcours, se faire plus maigre devant les dispensables Lords of the pints, duo pas déplaisant, on en conviendra, mais dont le répertoire délirant gagnerait à se montrer plus étayé.
En conclusion donc, cette première soirée d’Arthur’s Day, en attendant le samedi et notamment The Popes (ex Pogues), aura tenu ses promesses et permis aux nouveaux arrivants, dont je suis, de découvrir un festival sympathique, pour l’heure encore timoré dans ses choix mais qui, de façon mesurée mais sure, gagne en crédibilité et draine un public de plus en plus fourni.
Photos William Dumont.