Projet du parisien Pierre Chandeze, actif depuis 2008, Carton Sonore a pour particularité son univers folk basé sur l’utilisation d’instruments-jouets, « spécialité » du label dont il est issu, Monsterk7. Celui-ci réinstaure en effet la k7, en plus du cd et du vinyl, et met en avant une pléthore d’artistes à la musique bricolée diablement originale et, qui plus est, plaisante à souhait.
C’est donc le cas de Carton Sonore, qui élabore ici dix comptines douces mais gentiment dérangées (Vodka violette), dotées de sonorités aussi enchanteresses qu’éloignées des canons du genre. C’est chatoyant, ça ne court pas droit et on s’en réjouit, et des airs fringants malgré leur côté classieusement dégingandé valorisent Kind regards from the land of wander. Qu’il s’agisse de The mexican roads ou de Lou’s human days, l’amorce étincèle et allie beauté de l’instrumentation, déviance mesurée et charme de la voix -parfois loufoque, ce qui ajoute à l’impact des dix morceaux du beau digipack-. La voix elle aussi, donc, se pare d’une folie bridée et épice, en même temps qu’elle les drape de douceur, les créations d’un artiste capable, avec de tels ouvrages, d’insuffler une bonne bouffée d’air frais dans notre paysage musical. L’entraînant Hilltop, après Vodka violette et ses mélodies parfaites, plaise bien entendu en sa faveur et à l’écoute, on se dit que Chandeze, jusqu’alors principalement auteur de thèmes musicaux bricolés, a bien fait de s’adonner ici à de vraies » chansons.
Ainsi, les quelques instrumentaux trouvent naturellement leur place au milieu des titres avec voix, et le tout prend fin sur une énième pépite folk quasi lo-fi, Earthbeat, bien assise entre pureté et écarts plus « souillés ». Avec, cerise sur le gâteau, des accents tribaux et un chant versatile, grondeur, qui jamais n’hésite à s’écarter de la norme établie. Pour un résultat largement au dessus de la moyenne, outre son incontestable originalité.