Noir Désir n’étant plus, Deportivo fait légitimement partie des groupes « prétendants » désormais fiables dans la mouvance rock « enflammé », sincère et lettré et quand bien même ses débuts remarqués demandèrent confirmation, de bonnes prestations live et des albums honnêtes, de plus en plus aboutis, l’ont récemment ou dernièrement crédité.
Avec Domino, Jérôme Coudanne et ses acolytes atteignent un niveau plus élevé encore, franchissent un nouveau pallier et asseyent définitivement leur territoire, reconnaissable et ici jalonné par dix morceaux solides à souhait. Ils ont le bon goût d’imposer d’emblée un ton rock à la fois percutant et mélodieux, doté d’une belle écriture (Dom!no), qu’ils nuancent ensuite avec beaucoup d’à-propos ( Personne n’arrive à l’heure, seconde réalisation significative), l’orgue de leur « vieil ami » Romain Turzi donnant de surcroît une coloration inédite à certains titres.
Deportivo innove donc dans la continuité, mêle rage et mélodie et réussit la prouesse de convaincre même dans ses moments posés, autrefois moins aboutis (En ville). Sensible mais alerte, il réjouit à nouveau sur Toutes les choses, nouveau titre fonceur, dans une option qui décidément lui sied, avant de privilégier un canevas plus léger, au ressenti perceptible, à l’occasion de Pourquoi devrais-je?.
On en est alors à la moitié de Domino et bien entendu, on poursuit la partie, Both on the same boat (L’intronisation de l’Anglais dans le chant, même parcimonieuse, est décisive et d’un bel apport) faisant la part belle aux penchants pop du groupe qui sur Imbeciles joue un rock…pop mais aussi incisif, encore une fois, en plus de sa qualité littéraire, joliment chanté. Il renoue l’instant d’après avec sa force de frappe sur Im?ossible et le constat s’impose: dans le créneau pop-rock qui est le sien, « Depor » tutoie l’excellence. L’allant et la finesse de Dans ta chambre, ses touches de claviers entêtantes, confirmeront mes dires, de même que Chez toi, ultime morceau lui aussi subtil mais au rythme insistant, sobre, élégant.
Bel effort, en définitive, que ce Domino bien troussé, dont le seul défaut est, peut-être, d’être un tantinet trop court eu égard à la qualité de ses dix chansons.