Dans les pas d’un premier album explosif et bourré d’humour, questions à Jneb, l’un des deux géniteurs du phénomène lillois Mascarade…
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Mascarade, un nom représentatif du groupe et de ce qu’il engendre et a pour but de véhiculer? 🙂 Qu’est-ce qui vous a poussé à former Mascarade?
Jibé et moi on se connait depuis plus de 15 ans maintenant ! A l’époque j’avais postulé pour devenir chanteur de Marcel et son orchestre, chose qui ne s’est heureusement pas faite (rires) ! Jibé et moi avions des atomes crochus et je l’ai invité à participer à mes différents albums. Quant au projet MASCARADE, il date de l’été 2011. J’en avais un peu assez de composer seul dans mon coin et Jibé, qui lui venait d’une formation nombreuse, avait envie d’avoir un plus grand pouvoir décisionnel sur la musique. Au départ nous avons commencé à faire de la musique ensemble sans aucun « plan de carrière », sans autre objectif que de passer de bons moments à composer. Puis les choses se passant tellement bien, les morceaux étant composés rapidement, le retour sur le net plus que surprenant, le projet s’est structuré au fur et à mesure et de nouvelles envies et idées ont vu le jour!
Pour ce qui est du nom du groupe, cela s’est fait naturellement…
Comme on le dit dans notre morceau « hip-hop de rockers »: « j’entends déjà les Alphonses du rap dire c’est du hip-hop de rockers ». Notre « hip-hop » n’est pas élevé dans les fondements habituels, dans ses « stéréotypes », les « puristes » diront que notre « hip-hop » est une mascarade… Et puis au début nous évoluions masqués, et la mascarade est ni plus ni moins que l’ancêtre du bal masqué.. Puis en dernier lieu, mascarade est une anagramme de…à vous de trouver (rires).
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Pourquoi le choix de cette orientation, nommée « hip-hop de rockers »?
Nous avions envie d’oeuvrer dans un « style » auquel nous n’avions pas encore touché jusqu’à présent. Nous voulions nous mettre en danger, modifier totalement nos méthodes de composition musicale et d’écriture. Et comme nous accordons beaucoup d’importance aux textes, nous nous sommes « naturellement » dirigés vers le « Hip-hop » auquel nous empruntons les beats, le système de boucles, le flow vocal. Mais comme nous venons du « rock », nous y ajoutons des guitares saturées, quelque peu de mélodie dans le chant, etc etc. C’est finalement une musique hybride à la croisée des genres !
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Vous traitez de faits de société « installés » sous un ton léger et lucide, quel est votre objectif par ce biais?
Il n’y a pas forcément d’objectif. Nous tenons avant toute chose à nous amuser, nos textes se veulent humoristiques. On se moque des gens mais aussi de nous-mêmes. En gros j’écris parfois les textes en me mettant dans la peau d’un humoriste qui peut parfois être cru, acerbe ou encore pas du tout politiquement correct ! J’essaye de trouver les thématiques, les vannes, les situations qui peuvent faire rire en somme. Ce qui est intéressant aussi, c’est d4arriver sur certains propos à ce que les gens se demandent si c’est du lard ou du cochon.
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Comment la jeunesse -l’une de vos « cibles », intelligemment évoquée dans vos textes-, réagit-elle à sa « mise en lumière »?
Les jeunes sont tellement cons qu’ils ne se rendent même pas compte qu’on se fout de leurs gueules ! Je déconne (rires). Même si on sort quelques vérités c’est souvent pour mieux nous sabrer nous-mêmes ! Par exemple on dit que les jeunes sont toujours avec leurs ordinateurs, leurs téléphones. C’est l’hôpital qui se moque de la charité puisque nous, qui ne sommes plus de prime jeunesse, faisons exactement la même chose (rires). Finalement on est peut-être des vieux cons jaloux des jeunes uniquement parce qu’ils sont jeunes (rires).
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Vous avez déjà enchainé pas mal de dates et en avez encore beaucoup de prévues. Quel accueil vous a-t-on réservé jusqu’alors en live et qu’en avez-vous tiré à votre niveau? Dans ce domaine, avez-vous une « stratégie » de scène déjà établie et personnelle ou fonctionnez-vous plutôt à l’instinct?
Apparemment MASCARADE, c’est quitte ou double; soit les gens détestent, soit ils adorent ! Puis sur scène nous avons parfois un humour grinçant qui ne plaît pas à tout le monde. Lors d’un concert un mec qui était devant moi a soulevé son t-shirt afin de me montrer qu’il avait un flingue dans le short…
Alors était-il vrai ? Etait-il en plastique ? Je ne le sais pas et à vrai dire tant mieux (rires). Lors du même concert un autre type est venu me voir à la fin pour me dire qu’il allait me péter la gueule parce qu’il n’avait pas aimé la présentation d’un morceau…
Sur ce coup là j’ai tout de même dû me justifier en lui disant qu’il n’avait pas saisi que c’était de l’humour ! Bon, ce sont quelques anecdotes mais qui sont assez représentatives du fait que MASCARADE, ce n’est pas là pour attirer le consensus !
Sinon les concerts se sont fort bien déroulés, nous avons même joué à guichet fermé pour notre première date à domicile (Lille). Ce qui est positif, c’est que les gens qui n’accrochent pas plus que ça à l’écoute de l’album viennent nous dire à la fin du set que sur scène on met tout le monde d’accord ! Et à en croire les impressions du public mais aussi des groupes avec lesquels nous avons partagé l’affiche (comme les Burning Heads ou encore Babylon Circus), notre set est déjà fort bien rodé pour un groupe qui n’a même pas encore effectué 10 concerts !
Pour répondre à ta question il n’y a pas de stratégie scénique, nous sommes un groupe récent qui doit encore prendre ses marques. Nous avons certes des choses calées, comme certaines présentations de chansons, mais nous tenons à rester naturels et fonctionnons donc beaucoup à l’instinct !
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Que pensez-vous apporter de plus à l’univers de Mascarade, déjà fourni, à l’avenir?
Il est difficile de répondre à cette question car nous faisons tout nous-mêmes jusqu’à la promo, la recherche de concerts, ce qui forcément laisse moins de temps pour le côté « artistique ». Une chose est sûre, nous allons réaliser beaucoup de clips ! Puis plus tard, on tentera peut-être une approche différente pour la composition en s’entourant, qui sait, d’un batteur, d’un bassiste… On verra ! A chaque jour suffit sa joie (rires) !
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En tant que « groupe de province » autoproclamé, comment ferez-vous lorsque, devenus riches et célèbres, vous aurez à aller jouer dans les stades? 🙂
Eh bien nous ne jouerons que dans les stades de Province (rires) ! Ils viennent d’ailleurs d’achever la construction du grand stade de Lille, sûrement dans l’optique de nous y faire jouer un jour (rires) !