Après une édition 2012 boostée entre autres par La Ruda et DSC, ainsi que par quelques découvertes de choix, la Boule Bleue « nichée » à Roisel, jolie localité du Santerre, accueillait en ce samedi de toute fin du mois d’août, pour son temps fort (n’oublions pas que l’évènement s’étale, excusez du peu, sur trois jours….), un plateau relevé puisqu’après les excellents Mystic Soul train, première « trouvaille » de la soirée, jouaient Boney Fields & the Bone’s Project (le showman et trompettiste black ayant oeuvré ou partagé la scène avec des artistes de la trempe de Buddy Guy, Bootsy Collins ou Luther Allison) et les très scéniques Sergent Garcia.
Le programme était donc d’une incontestable qualité et les Mystic Soul train allaient se distinguer, par le biais de leur « cosmopolitrain funk » enivrant, joué avec une belle énergie et touchant autant au ragga qu’au reggae (Pray to Jah) qu’à la funk, évidemment (Road to Guerrero, Dr Funkill). La bio du groupe définit ses musiciens comme des alchimistes faisant le tour des grooves et force est de constater, à l’écoute et dans le visuel, que la clique paloise, hautement musicale, bigarrée et imaginative, frappe d’emblée un grand coup sur place forte samarienne. Avec, de surcroît, un sens de la mise en scène et un investissement scénique dans lequel il y a visiblement « du DSC ». Idéal pour lancer cette seconde journée de festival sous les meilleurs auspices, et imparablement bien joué, voilà un gig d’ouverture de feu, exempt de l’ennui que les territoires musicaux explorés peuvent parfois générer.
Le temps d’une pause passée à errer dans les lieux, à s’imprégner de l’atmosphère singulière, prenante, de l’endroit, se présentait sur les planches le charismatique Boney Fields et son Bone’s project, auteur d’un jazz/soul/funk aux touches bluesy -ou, encore, world ou rock- de tout premier ordre. Expérience aidant, maîtrise dans le jeu tout autant, en s’appuyant sur un répertoire impeccable, l’inénarrable écumeur de salle au vécu consistant et ses musiciens (Français, notez-le bien, car rencontrés et enrôles à Paris ou notre homme est désormais basé) ont littéralement embrasé la foule, visiblement déjà émoustillée par la prestation de Mystic Soul train.
Surs, donc, de la fiabilité de cette inratable Boule Bleue, ne restait plus qu’à accueillir comme il se doit Sergent Garcia, fort lui aussi d’années d’expérience et de tonnes de concerts donnés. Passée du punk-rock à la française (son leader fit partie de Ludwig von 88) à la « salsamuffin », genre sur lequel elle possède une mainmise énorme, la formation aux racines espagnoles a assuré une conclusion marquante au festival de Roisel. L’apparition de ce groupe sur l’espace scénique, c’est l’assurance d’un voyage à travers le monde hautement épicé, hispanisant et logiquement jalonné, par conséquent, d’accents colombiens ou encore jamaïcains, pour faire court. L’allégresse du public attestera par ailleurs de la capacité du groupe à l’entraîner sans sa sarabande bouillonnante, cuivrée bien sur et fédératrice.
Avec pour effet final, la valorisation de l’inlassable travail mené par l’équipe de la Boule Bleue, une fois de plus pertinente et cohérente, tant dans ses choix musicaux que dans l’accueil et l’organisation de son festival.
Photos William Dumont.