Groupe né d’une extension de DDK, passé maître dans les reprises des Dead Kennedys, The Rippers compte une chanteuse anglaise, sont donc à la fois basés en France (Gigors) et en Angleterre (Brighton) et jouent un rock’n’roll sans concessions, sous inspiration, notamment, Cramps (Tell me ’bout the kink in the things you think).
Stiff est son second album, après quelques dates significatives avec Jim Jones Revue ou The Eighties Matchbox B-line Disaster, et plante le décor d’un rock sauvage, aux claviers qui le décorent subtilement (Mojocaïne ou le début de X-ray flavor, premier des neuf morceaux joués, au refrain qu’on retient et qu’on braille). La prod’ de Nicolas Dick, de Kill the Thrill, le dote d’un son adapté, tranchant, et The Rippers jouent parfois, aussi, la carte d’un rock leste mais alerte, jamais dénué de subtilité malgré sa puissance (Fake). La voix de Jill, wild mais avec ce petit plus sensuel, se distingue, appuyée, en certaines occasions, par les choeurs de ses acolytes (Black heart blues). Guitares, « keyboards » volubiles et rythmique soudée s’accouplent et forment des essais compacts, qui savent prendre des teintes plus nuancées (Beausoleil).
Grattes féroces (les premiers instants de Sapphires) et chant guerrier font aussi la différence, le son vrillé concocté par l’expérimenté Nicolas Dick sied au groupe et celui-ci assied sa valeur quand il fait dans le fonceur bien breaké, à la Doors (Not to touch the earth, reprise acérée, justement, de Morrisson and Co). Pour finir sa route sur le rock’n’roll pieds au plancher de Stranger, fort lui aussi d’accalmies élégantes et de mélodies qui cassent de belle manière l’élan du morceau.
Bon premier jet, donc, que ce Stiff entre moments percutants et penchants plus modérés, signé d’un groupe jusqu’alors pu connu mais que ce genre de disque pourrait extraire de ce relatif anonymat.