Venu de Montreal, Police des Moeurs joue une musique froide et nostalgique, « pour les coeurs brisés et les âmes noires ». Les mécanismes de la culpabilité, qui constitue la dernière en date de ses sorties discographiques en dépit de son jeune âge, livrant ainsi six morceaux chantés en Français et réminiscents des late 70’s ou early 80’s.
Synthétiques, cold et groovy, Echéance et les cinq autres chansons n’auraient pas dépareillé sur la compilation Des Jeunes gens modernes, et symbolisent brillamment l’actuel retour à ce courant. La nostalgie a du bon et à l’écoute, notamment si l’on est amateur de cette époque porteuse, le plaisir sera vif, pris dans la froideur et d’autant plus, peut-être, profitable. Le propos est certes pessimiste, mais c’est là l’apanage du créneau musical, son contenu permettant de façon paradoxale de retrouver une forme de sérénité, et les voix croisées font effet, qui plus est entre filles et garçons puisque le quatuor compte deux représentants de chaque gent.
Nos tristesses se rejoignent ici et ses basses entêtantes, Tu as honte parfois et Encore une fois valorisent ce groupe prolifique, aux trames certes quasi immuables mais accrocheuses non seulement par la qualité du contenu musical, mais aussi de par les climats allégoriques presqu’enjoués qui en ressortent. S’il étend la durée au delà des cinq minutes sur Ce sera un temps de malheur, Police des Moeurs reste qualitatif, en instaurant un essai instrumental plus nuancé, plus « psyché », si l’on peut dire, qui complète joliment son tableau noir ». Lequel prend fin sur un très bon No time to be, chanté en Anglais, acéré, au tempo galopant, qui valide un bon rendu et un groupe qui depuis sa création multiplie les sorties à prendre en compte.