C’est donc le quatuor local qui allait investir la scène pour jouer un set bref et à mon sens un peu uniforme bien que ses morceaux, entre Television et Blondie comme le dit leur bio, soient de bonne tenue (Solution, exemple positif de l’univers digne d’intérêt de Clément et consorts). Des touches synthétiques agrémentent le répertoire du groupe, qui s’en sort au final honnêtement et qu’on sent, en toute logique, largement perfectible sur le plan identitaire. Le tout est de même en bonne voie, en atteste également parmi d’autres oeuvres un Day dream fin et entrainant, ou ce Vice hotel poppy qui fait son effet. Une mélancolie assez prenante se dégage du tout et on suivra Lascaux avec attention, comme on le fait avec toutes ces formations qui se cherchent encore mais disposent d’atouts exploitables.
Ceci étant fait, place à Jay Mascis, Lou Barlow, survolté et en mouvement perpétuel, et…l’absence de Murph, remplacé par un chevelu frisé qui tape tout aussi fort sur ses drums que la paire Mascis/Barlow joue à volume élevé. Cela n’empêche guère le trio d’imposer un gig mémorable, de ceux qu’on garde en tête, qui ira de The lung (datant de 1987, tout de même, car issu de You’re living all over me) à Sludgefeast, tiré du même opus. Cela donne une idée précise de l’impact sonore de Mascis et ses sbires, passés depuis longtemps maitres dans le jeu « potards dans le rouge » et le créations d’hymnes noisy-pop, influencés entre autres par Neil Young, de tout premier choix. Une belle finesse émanant également du concert, qui livre bien entendu son lot de pépites (The wagon en seconde position, c’est dire la valeur de l’entame, le splendide Feel the pain et l’inénarrable cover du Just like heaven de The Cure, Pieces extrait de l’excellent Farm, Out there et Start choppin’ pris eux dans Where you been et j’en passe) et surprend par un son étonnamment clair malgré la puissance dégagée.
Freakscene, royal, venant couronner une prestation qu’au sein d’un public parfois interdit, muet devant l’impact du groupe -notamment pour les nombreux « non-initiés » présents-, nous serons un certain nombre à plébisciter et garder en souvenir un long moment. On aura même droit à Forget the swan, de l’album éponyme sorti en 85, et à quelques interventions vocales signées Lou Barlow, entre puissance hardcore et sensibilité pop. Ce qui nous vaudra une set-list diversifiée, d’une qualité bluffante et puisant à loisir dans la disco large du groupe.
Superbe prestation donc, qui rendra l’apparition des Pachanga Boys bien fade…et malgré tout appréciée par la jeunesse normande qui se trémousse et communie, si l’on peut dire, au son de la paire aux enchainements sans sens décelable ni qualité avérée, basée sur une cadence récurrente qui malgré tout remplira sa mission: faire danser l’assistance, qui s’exécute sans plus en demander.
Belle soirée d’ouverture donc, « présidée » bien évidemment par Dinosaur Jr, en attendant les Terrasses en ville (avec entre autres Manceau le 11 juillet, place de la Pucelle), moment plus qu’agréable de le vie musicale et culturelle rouennaise.
Photos William Dumont.