Widowspeak, que j’ai découvert l’an dernier, où ils se produisaient sur la scène de l’Iboat avec, en première partie, les bordelais Dream Paradise, proposaient à l’époque un album éponyme qui se démarquait (et de loin) de la masse d’enregistrements que la musique connait depuis quelques années.
Il est difficile de ne pas comparer Almanac, sorti en Novembre 2012, avec le premier disque simple et riche à la fois d’un style particulier et d’une émotion unique qui nous parcourait tout le long de l’enregistrement.
Qu’en est-il de l’évolution musicale du groupe de Brooklyn ?
Comme dans son prédecesseur, chaque piste a ici une construction très carrée et à la fois faussement éparpillée : un riff de guitare qui se répète, une voix pleine de charme et un tout mystérieux.
Widowspeak, c’est ça, de l’indie rock qui regorge de mystère, sur lequel se greffe une voix calme, douce, malicieuse et parfois étrange.
De tous les groupes indie rock, je l’avoue même, la voix de Molly Hamilton est celle que je préfère.
Ici, les pistes sont peut-être un peu plus travaillées que dans Widowspeak, sorti en 2011, à l’image de « Ballad of the golden hour« , morceau plus gai et moins spirituel qu’à l’accoutumée.
« Devil Knows » est du même accabit, les reverbs et le solo de fin permettant au groupe d’assumer une part moins sombre de leur énergie pop.
Mais le groupe explore surtout beaucoup plus de styles : la dream pop, mais aussi le grunge, la folk, l’americana, le shoegaze qui nous rappelle beaucoup ce rock brumeux, chaud et crasseux des années 90. Le tout nous évoque des paysages d’été de cette amérique que l’on aime entrevoir dans un bon road movie.
L’homogénéité et la ressemblance des morceaux (dans le fond) permet au groupe de développer son propre style, très marqué il est vrai par cette voix dont on ne se lasse jamais.
L’album paraît, à la première écoute, un peu fade (« Sore Eyes« , « Locusts« ) mais cette chaleur qui nous donne envie d’y replonger permet de réellement comprendre les morceaux afin de mieux les apprécier.
« Minnewaska » nous rappelle un peu She & Him (sans la voix, sans la guitare, bref, de très loin)
De ce voyage, « Thick as Thieves » se révèle être la perle. Le riff est bien là, l’instru prend son temps, la voix est plus merveilleuse encore qu’un moment de crépuscule sur des vallées perdues, et le mystère entourant cette image ancrée en tête vous prend au ventre et ne vous relâche qu’à la dernière note, comme pour vous accompagner lentement.
Au final, l’album est à vivre d’abord dans le noir pour l’appréhender comme il faut, et à mettre en repeat pour pouvoir vraiment l’apprécier à sa juste valeur.