La recette fonctionne, fait prévaloir l’originalité et a déjà permis au groupe des premières parties significatives (C2C, le General Elektriks d’RV Salters) et des disques eux aussi de haute volée, dans un genre pas toujours novateur au départ.
Shafty Brothers, eux, parviennent à instaurer cette singularité et #Censored, nouvel EP, combine magiquement funk, electro et rock détourné, « funkysé », pour un résultat de qualité. Les influences sont diverses, vont lorgner, même, du côté de la black music, et l’amalgame est ajusté. Dès Shaftmandou et son intro dépaysante, on est pris dans le tourbillon d’une musique hybride qui, sur ce titre, demeure mesurée et fait dans l’instrumental entrainant doté d’une ambiance que Cornershop ou les Beastie Boys n’auraient pas renié. Le tout avec une touche perso appréciable, qui prévaudra plus encore sur Colors et son chant féminin. Le ton est donné et le mix electro/funk/pop-rock frappe fort et juste, avec ce qu’il faut de feeling et de sensibilité pour convaincre sans pâtir d’un certain effet de mode dans lequel on s’engouffrerait bêtement comme c’est le cas de façon régulière dans ce pays.
On hausse ensuite le rythme sur l’euphorisant et bien nommé In electro, trépidant, aux voix associées traficotées, musical à souhait (c’est là l’une des vertus du trio: ne jamais faire dans le stupidement rythmique ou dansant). Puis Sextoy, tout aussi cadencé et bien breaké, se met à son tour en évidence en envoyant une electro savamment construite, « maison » dirai-je même. Le tout avec l’appui de chants féminins attractifs, d’un apport évidemment certain.
Pour finir, le feeling electro/funk-rock de My pain, entre parties alertes et instants de pause relative, conclut avec brio un EP recommandable (et recommandé), concocté par un groupe de valeur. Et qui, de toute évidence, n’a nullement usurpé son parcours et ses apparitions scéniques, souvent marquantes et représentatives d’une authenticité avérée.