Les premiers nommés, auteurs d’un planant et convaincant Reward your grace, aussi délicat que dissonant, se mettant en évidence devant un parterre clairsemé en le gratifiant d’essais shoegaze voire psyché du plus bel effet, nuageux (Julee Cruise) ou plus fulgurants comme le fut Dissolve me, titre éponyme d’un premier long-jet déjà marquant. Nappes de claviers bien spatiales aidant, greffées à une instrumentation racée et versatile, The Feeling of Love confirme sur cette date les espoirs, légitimes, placés en lui à sa « naissance », et livre une prestation de choix. Sa nouvelle option, plus « légère », lui confère même une surplus d’identité et lui permet d’affiner son propos…avec à-propos.
Belle amorce donc, aux nuances appréciées, suivie des « vétérans » de The Intelligence qui, eux, firent parler la poudre post-punk en briscards aguerris qu’ils sont. Courts et directement efficients, ponctués par des riffs bourrus (Hippy provider, I’m closed), leurs titres n’ont aucunement faibli depuis l’excellent Crepuscule with Pacman sorti sur Born Bad en 2009, d’ailleurs suivi de deux essais non moins bons, et véhiculent une énergie punk elle aussi approuvée. Et des morceaux comme The entertainer, entre autres travaux probants, enfoncent le clou de ce rock nerveux et souvent frontal mais aussi bien modéré. De la bien belle ouvrage, brute et jouissive, assurée par des Américains n’ayant quoiqu’il en soit plus grand-chose à prouver, mais qui donnent le maximum à chaque montée sur les planches et s’acquittent de leur mission avec brio.
Ceci pour en venir ensuite à un psychédélisme dépoli signé White Fence, projet de Timothy Presley, aussi entrevu chez les Strange Boys ou Darker My Love et par conséquent très à son aise dans la conduite de projets décalés. A la fois limpides et lo-fi, ses mélopées transcendent et transportent tout en exhalant de l’élégance de même qu’un coté, comme chez The Intelligence et The Feeling of love, volontairement brut. L’alchimie des deux options est ajustée et on se réjouit vite de cette fin de soirée initiée par l’ami de Ty Segall, dont on sent ici l’influence dans les embardées garage qui parsèment l’ensemble et lui donnent du coffre, une certain impact sonique.
Pour au bout du compte compléter de façon adroitement distordue un évènement encore une fois, on s’y est d’ores et déjà habitué avec l’antre portuaire qui lui sert d’écrin, complet et libérateur.
Photos William Dumont.