Rape Blossoms
Instinctif et malgré cela maitrisé, le set de Räpe Blossoms frappe fort (Hungry wolves) et juste, fait dans le saccadé fougueux (Ragged figures), la cold entrainante (No higher plot), et parvient par sa durée écourtée à tenir en haleine les amienois qui, bonne décision de leur part, se sont donnés la peine de braver un temps douteux. Garage dans l’esprit mais pluriel de par sa composition, le rock de ce quatuor issu de Gand introduit donc merveilleusement les fameux Thee Oh Sees, qui ne tardent guère à entrer en piste pour nous balancer, chanceux que nous sommes, une série démentielle de morceaux de haut niveau.
Thee Oh Sees
Comme chez Ty Segall, tout cela parait presque brouillon et pourtant, tout est ici ajusté, calibré et wild à souhait, parfaitement et rageusement exécuté et qui plus est, doublé de jolis choeurs (I come from the mountain) et d’une présence féminine appréciable. Ou, encore, de claviers assez discrets et bien disséminés pour renforcer le gig avec efficacité (Tunnel time). On entre volontiers et de plain-pied dans cet univers agité, mais aussi très joliment nuancé (Toe cutter-Thumb buster et ses belles voix suivies de passages bourrus, ou bien No spell), la dualité des chants ajoutant à l’impact des habitants de « Frisco » en se mariant sans heurts avec une instrumentation versatile, constamment intéressante tant lorsqu’elle « braille » que quand elle se fait plus caressante. Le rythme, donné par un batteur presque hilare placé en devant de scène, donnant le tempo changeant mais à dominante appuyée d’un set qui à aucun moment ne décevra, allant jusqu’à approcher -le constat est récurrent s’agissant des concerts initiés par la « Lune »- le meilleur de ce qu’on l’on peut voir dans cette Smac de renom. Au son de l’emporté Strawberries 1+2 et de ses assauts incoercibles, ou de ce Maze fancier à la limite du bluesy, galopant, on vit encore une fois un grand moment musical, intense et libérateur, largement à la hauteur des espérances générées par Thee Oh Sees.
Ces derniers démontrant donc en live l’irréprochable tenue du petit dernier, Floating coffin, et infligeant à l’assistance une claque aussi subtile que retentissante, frappée du sceau d’une grande classe assortie d’une créativité depuis longtemps prouvée.
Photos William Dumont.