On y retrouve donc ce collage des genres, décalé bien sur et complètement abouti, qui caractérise le groupe et nous balade ici de folk apaisé (Seeded) à un essai aux humeurs changeantes, bardé de guitares furieuses (Drummers we hate, morceau « folk-noise » merveilleux).
Auparavant, l’amorce nous aura livré un electro-folk tout aussi prenant (Openologue), aux jolies voix, puis, dans l’esprit lo-fi « maison », un Oitre aux chants associés du plus bel effet, quasi-lunaire. Ceci avant d’enchainer avec Solaire, chanson rythmée mariant electro (qu’un trombone défigure joliment) et rock noise diablement stylé.
On l’aura compris, l’éclatement musical cohérent, plus maitrisé semble t-il qu’à l’occasion des précédents efforts, est de mise, et présente un Gablé faussement tranquille (How much), aux mélodies troublées captivantes (Pink cut). Le groupe a la mainmise sur ses travaux à la douce folie stylistique, et nous permet de découvrir un rendu majeur, à apprivoiser certes mais loin d’être inaccessible et qui, une fois dompté, dévoile mille et une richesses. Sur l’electro dérangée de Verbena tea, par exemple, ou sur ce Asthma qui menace à tout moment d’imploser et développe une ambiance obscure, Gaelle et ses deux acolytes font feu de tout bois, offrent des mélopées de toute beauté greffées à des rythmes hip-hop et des guitares mordantes (Cinder). Puis un long format intitulé Limp to glove, en clair-obscur et qui se termine par un bel orage noisy, rend Murded plus probant encore. Avant que Hein, bref mais porteur de chants une fois de plus avenants, ne calme le jeu et achève sur un ton posé, dans l’élégance musicale cuivrée, un excellent album que l’on rangera en bonne et due place, aux côtés des autres « bizarreries sonores » plus qu’intéressantes signées Ici d’Ailleurs.