Il s’appuie pour cela sur des titres rythmés (Pêche et Innocence en ouverture, tous deux excellents, après une introduction intitulée Crash ocean, tordue et annonciatrice de la tonalité générale). Dès ce Pêche prenant, froid et synthétique, aux volutes sonores addictives à l’instar de son omniprésente folie, auquel succède donc Innocence, puis Sexe jouet qui instaure une cadence plus hachée, l’univers de La Chatte s’impose et fait de ses chemins de traverse fréquents un atout certain. On n’y résiste que très difficilement, moins encore lorsqu’on est adepte de ces sonorités glacées qui évoqueraient, si le territoire musical de La Chatte n’était déjà aussi individuel, Kas Product et la vague Novo française des late 70’s et des 80’s dans ce qu’elle a de meilleur.
Le rapprochement plaide bien sur en faveur du trio, à nouveau fatal sur Xanax et sa basse ronde puis Où dois-je aller? et ses claviers agités. De façon simple, sans ajouts superflus mais d’une manière bien entendue peu conventionnelle, le groupe met en valeur un genre novateur, à l’image également du 69 d’Armand Gonzales et Virginie Peitavi. On le suivra donc d’autant plus volontiers dans sa démarche que celle-ci se voit couronnée de morceaux à la tenue irréprochable. La suite étant donc dénuée de tout écart préjudiciable, entre un Je marche cosmique, aux gimmicks irrésistibles, et Miroir qui nous emmène lui aussi bien haut et bien loin, aidé en cela par des « keyboards » un fois de plus accrocheurs, et givrés, en diable.
Ouvre majeure donc, issue de trois cerveaux dont le mérite est de drainer autant d’intelligence que de folie compositrice, Crash ocean consacre La Chatte, animal musical à trois têtes désormais légitime dans une approche qui fait le plus grand bien à la production musicale hexagonale.