Sur Ostinato, il évolue vers un univers plus tendu sans se départir de la poésie torturée qui l’animait à ses débuts, et signe une oeuvre superbe, aussi brute que raffinée tant dans l’étayage que dans le verbe (Ville morte). Il y convoque même le fantôme de Virago (Le dernier souffle, également excellent), et après une amorce étincelante (Les mots que l’on disait, dont l’intro rappelle le Fear de Drive Blind et qui d’entrée de jeu impose les…mots, justement, de Jean-Charles Versari, puis l’incoercible et bien nommé Hymne, autre temps fort d’un opus flamboyant),instaure sa patte durablement.
On trouve ici une forme de cold-wave poétisée, mentale et physique, qui allie donc idéalement textes et instrumentation (Adrian Utley, soulignons-le, produit le disque et y joue occasionnellement guitares et synthés), et Versari réussit dans son entreprise qu’il s’agisse de plans éthérés, légers mais sous-tendus (Houdini), ou plus lestes (Non-retour, merveille de noise mélodieuse à la basse lourde), ou lorsqu’il s’adonne, à l’image de Lescop, à une cold-pop tout simplement renversante (Le courant).
On en est alors à la quasi-fin d’album et rien ne flanche, et le niveau reste optimal; noise sur le saccadé Nous étions, toujours porté par l’impressionnante plume du Sieur Versari, noise à nouveau sur L’animale adoration, plus asséné encore (Cyril et Laureline y font, comme sur le reste des titres, bon ménage), avant d’achever sa course sur les riffs tendus de l’ alerte Ostinato, histoire de terminer sur un nouveau titre marquant. Marquant, à l’instar des dix titres d’une rondelle qui trouvera en toute logique une place de choix au sein des sorties printanières de l’hexagone et, dans le même temps, consacrera un groupe de grande valeur.