Deux formations le précédant avec fougue (le one-woman band déjanté constitué par Molly Gene, au blues-rock rugueux et aride, suivi de Houndmouth et son folk-rock, dirons-nous, aussi mélodiquement imparable, sirupeux, qu’offensif) et panache, la soirée était idéalement lancée pour le trio londonien, quatuor sur scène, qui allait défendre toutes griffes sorties son excellentissime The road gets darker from here, dernier bijou en date de Johnston and Co. Remonté, vivant sa « zik » tel le dernier des possédés, le chanteur-guitariste à la voix rocailleuse, en symbiose avec des musiciens aguerris, nous a en effet offert et administré une mornifle sonore et vocale digne du Mudhoney le plus braillard qui soit, assortie de quelques éclaircies plus psyché et des encarts de saxo d’Edwards, qui s’y entend pour balafrer le tout de ses interventions free. Avec en étayage un orgue strident, le set des Anglais, devant une assistance bien trop restreinte si l’on tient compte de l’affiche fournie, a vite atteint des sommets d’intensité.
Morceaux anciens aidant, exécutés ici et là au beau milieu des compos qui signèrent le retour du groupe sur le plan discographique il y a quelques mois (et quel retour!), la puissance, le niveau d’ensemble et la cohérence sonore et sonique de Gallon Drunk, véritable don du ciel pour le public picard et au delà de ça pour tout amateur de rock burné et savamment joué, a inauguré de façon magistrale des Nuits de l’Alligator dont on ne doute guère qu’elles se montreront tout aussi probantes en d’autres endroits
Et mis en joie, en même temps qu’il le faisait transpirer, un auditoire conquis et encanaillé par les embardées grungy addictives d’un frontman au vécu décisif, ici, en termes de prestation offerte.
Photos William Dumont.