Troisième album solo du chanteur du groupe Chokebore ( et non plus ancien chanteur puisque le groupe a ressorti un EP en 2011) , …Is With The Demon s’inscrit dans la continuité du précédent. On retrouve les mêmes fondamentaux, les mélodies toujours proches de la ballade, la même voix feutrée, et toujours cette capacité à raconter musicalement des histoires avec un soupçon d’angoisse.
Dans ces conditions, tout semble avoir été dit, sans que cela soit au contraire un désaveu de l’album. Ceux qui ont déjà apprécié l’univers de Troy Von Balthazar peuvent se laisser aller sans crainte. Pour les autres, il faut suivre les vagues de l’album pour faire son initiation. Il n’y aura jamais de tempête mais des bourrasques tropicales comme l’annonce le premier titre («Tropical »). En effet, l’album alterne des périodes calmes, par exemple les trois premières chansons, et un rythme plus vif qui s’exprime dans «Distresses » ou «Applause ». Et dans cette alternance «Distresses » montre toute la subtilité de l’album en offrant une version musicalement joyeuse aux inquiétudes aussi présentes sur les autres morceaux.
Mais il est peut-être moins pertinent d’insister sur la continuité de l’album que sur l’unité de chaque chanson. Tel un orfèvre, Troy Von Balthazar construit à chaque fois un véritable monde musical tourné vers la méditation tout en gardant toujours un aspect enfantin. Miraculeusement, ce tour de force se réalise malgré un minimalisme radical, à moins que ce soit justement ce minimalisme qui l’ait rendu possible. Aucun son en dehors de l’essentiel. Comme si le divertissement était le démon à bannir si on veut avoir une chance de succomber au démon intérieur.
Troy Von Balthazar est un compagnon fidèle de nos tourments. Et cet opus, sans doute sa plus belle réussite, les sublime à tel point qu’on ne sait plus distinguer ceux qui nous appartiennent de ceux qu’ils nous a légué.