Sur douze titres au total, Aline fait étalage, en Français dans le texte s’il vous plait et sans que cela ne porte atteinte à la qualité du rendu, d’un savoir faire qui dépasse de loin les productions actuelles, se hissant avec Lescop aux cimes de celles-ci. Un instrumental à la croisée de ces sources d’inspiration instaure l’ensemble sur des bases solides (Les copains), aussi subtiles qu’alertes et dans la foulée de cette amorce réussie, le single Je bois et puis je danse, taillé dans une pop fine, fait valoir ses soudains excès dans le rythme ainsi qu’une prestance vocale et instrumentale imprenable. Des titres significatifs, il y en a ici à la pelle et Regarde le ciel réjouira autant l’amateur de cadences soutenues (Maudit garçon) ou de guitares nerveuses et racées (Deux hirondelles et…tout le reste), tout en faisant la part belle aux ouvertures posées et mélodieuses (Teen whistle et sa basse rondelette, également excellent).
Le délicat Il faut partir, climatique, conclut d’ailleurs la première partie de l’opus avec classe, puis un nouveau tube alerte, Elle est moi, impose une pop noisy de bon aloi. L’ère des 90’s est parfaitement réhabilitée, l’identité bien assise et on se régale, il importe de le souligner, au détour de chaque réalisation, tel ce « Smithsien » -en son début- Elle m’oubliera, lui aussi vivace et doté de mélopées qu’on retiendra au point de les fredonner sans cesse.
C’est aussi ça, le pouvoir de ce disque; d’emblée et sans plus attendre, bombarder son monde d’étincelantes ritournelles poppy que celui-ci mémorisera vite tant elles s’avèrent addictives, conjuguées à des bourrasques sonores à l’image de celle qui anime la fin dudit titre. Qui se voit suivi de Voleur, dont les élans pop-folk finauds créditent à leur tour le groupe, puis d’un Obscène tout aussi abouti, qui met en exergue, autre atout de taille, des textes une fois de plus dignes d’intérêt. On s’enthousiasmera bien évidemment pour les humeurs affirmées du tout, ajustées aux mélodies constamment attractives que nous sert le quintet, et on succombera à ce Regarde le ciel merveilleux, à la quatre-cordes magique qui mène la danse de concert avec une batterie rapide, une guitare à la fois fine et incisive. Et, bien entendu, le chant, constituante d’un tout hautement cohérent qui prend fin sur Les copains (d’Anne Laplantine), posé et presque infantile, et consacre dès son premier long jet une formation aux vertus ici brillamment exploitées.