Sous l’impulsion d’Hugo Cechosz, en phase avec son comparse Christophe Gratien à la batterie et en en marchant sur les traces des Cramps et autres Jon Spencer, comme à leur accoutumée, la paire largement émancipée a pour sa première apparition au 106 imposé une série de compos directes, insoumises et de belle facture, qui soulèveront l’enthousiasme d’une foule pour l’heure encore éparse mais néanmoins attentive -qualité du show oblige- à la performance livrée. Voilà du rock, du vrai, qui cogne et transpire, le tout mâtiné d’une classe et d’une distinction qui honorent les « Twin », auréolés par ailleurs d’un récent EP lui aussi imprenable.
Habituel, certes, mais cependant probant et acéré, un show sans défauts, qui aiguise la pertinence du parcours du groupe.
Eiffel
La foule gagne ensuite en nombre avant l’arrivée d’Eiffel, attendu par une horde de fans et acclamé, on ne s’en étonnera guère, à son entrée sur scène. Laquelle engendrera un concert que j’estime -cela n’engage que moi et beaucoup me contrediront car conquis ou moins regardants à l’impact rock du contenu- mitigé, trop sage et perfectible du point de vue textuel et musical. Visiblement, Romain Humeau vit le moment avec intensité, mais on ne peut se dégager de l’impression d’un rock faussement authentique, trop poli en dépit de l’investissement physique et humain de ses géniteurs, le leader, donc, et son guitariste, attestant parfaitement de cela.
Lorsque les bordelais appuient sur la pédale rock, on y croit mais là ou Noir Désir, autre groupe bordelais, suait le « vrai », Eiffel, sans démériter complètement, renvoie la sensation d’une authenticité moins affirmée. Il y a pourtant dans ses travaux beaucoup de bonnes idées, classiques certes mais porteuses et bien appliquées, les ajouts à l’univers pop-rock de départ sont intéressants, mais les Aquitains peuvent à mon sens mieux faire, quand bien même leur parcours et une discographie plutôt cohérente les créditent sans contestation possible. De même que les acclamations nourries d’un public, lui, aux cimes du bonheur, gagné par la diversité et un nombre certain de titres forts émanant de son groupe fétiche. Et un potentiel, malgré mon sentiment partagé, qu’on ne lui contestera pas.
L’essentiel est donc largement assuré, dans l’attente de la venue des Fleshtones et avant une programmation 2013 qui met déjà l’eau à la bouche du plus grand nombre d’entre nous, aficionados de la salle qu quai Jean de Béthencourt.
Photos William Dumont.